Orange se retire de Wall Street après 27 ans de cotation

Orange se retire de Wall Street après 27 ans de cotation Face à des exigences réglementaires de plus en plus contraignantes, le géant français des télécoms a choisi de recentrer ses efforts sur ses marchés principaux en Europe, tout en assurant une transition douce pour ses investisseurs.

Le 25 septembre 2024, Orange a annoncé son retrait imminent du New York Stock Exchange, marquant la fin de près de trois décennies de cotation à Wall Street. Cette décision, prise par le conseil d'administration, s'inscrit dans une stratégie visant à réduire les coûts et à simplifier les processus internes. Ce retrait, prévu pour le quatrième trimestre 2024, permettra à l'entreprise de se concentrer sur ses priorités européennes tout en maintenant une présence commerciale aux États-Unis.

Une décision motivée par des coûts croissants

Introduite à Wall Street en 1997, Orange, à l'époque France Télécom, cherchait à attirer les investisseurs américains via ses American Depositary Shares (ADS). Ce mécanisme permettait aux actionnaires américains d'investir dans l'entreprise tout en offrant à Orange un accès aux capitaux étrangers. Cependant, au fil des années, les coûts liés à la cotation sur le New York Stock Exchange (NYSE) sont devenus de plus en plus contraignants.

Les entreprises cotées aux États-Unis, particulièrement les sociétés étrangères comme Orange, doivent respecter des réglementations strictes imposées par la Securities and Exchange Commission (SEC).

L'adoption de la loi Sarbanes-Oxley en 2002, suite aux scandales financiers, a renforcé ces obligations, augmentant les coûts de conformité, d'audit et les frais juridiques pour les entreprises.

Réduction des risques juridiques et simplification

Outre les coûts financiers, la présence sur le marché américain exposait Orange à des risques juridiques importants. Les class actions, fréquentes aux États-Unis, représentent une menace pour les grandes entreprises cotées, avec des indemnisations potentielles pouvant atteindre des montants considérables. En décidant de se retirer du NYSE, Orange cherche également à réduire ces risques juridiques tout en allégeant la gestion administrative liée à sa cotation.

Ce retrait fait partie d'une démarche plus large de simplification pour l'entreprise. Orange continuera de maintenir son programme d'American Depositary Receipts (ADR), permettant aux investisseurs américains de conserver et de négocier leurs actions sur le marché de gré à gré (OTC), en dehors des plateformes de Wall Street. Cette solution permet à Orange de rester accessible aux investisseurs tout en évitant les lourdeurs administratives et financières liées à la cotation officielle.

Un mouvement suivi par d'autres entreprises françaises

Le retrait d'Orange de la Bourse de New York n'est pas un cas isolé. Plusieurs grandes entreprises françaises ont déjà quitté le marché américain ces dernières années comme le rappelle Les Echos. En 2008, Air France KLM s'est retiré du NYSE, suivi par Axa en 2010. Aujourd'hui, il ne reste qu'une vingtaine de sociétés françaises encore cotées à Wall Street, contre environ 90 à la fin des années 1990.

Cette tendance s'explique par les mêmes raisons qui ont poussé Orange à se retirer : coûts croissants, complexité administrative et risques juridiques.

Cependant, certaines entreprises françaises continuent de s'intéresser au marché américain. BFM Bourse rapporte que des entreprises comme TotalEnergies envisagent de transférer leur cotation principale de Paris à New York, attirées par l'intérêt croissant des investisseurs américains.

Impact sur les opérations d'Orange

Malgré ce retrait, Orange continue de rassurer ses investisseurs et partenaires commerciaux. Le groupe a confirmé que cette décision n'aura aucun impact sur ses opérations aux États-Unis, où l'entreprise maintiendra ses activités commerciales. Le marché européen reste le principal terrain d'activité pour Orange, qui continuera d'être coté à Euronext Paris, sa bourse principale.

Pour les actionnaires, ce retrait ne changera pas la possibilité de détenir et de négocier des actions Orange aux États-Unis via les ADR. En allégeant sa structure tout en maintenant ses services aux investisseurs, Orange espère trouver un meilleur équilibre entre réduction des coûts et efficacité opérationnelle.