Bruno Le Maire défend sa gestion du déficit public devant le Sénat
Face aux sénateurs, l'ex-responsable de Bercy a justifié la dérive des finances publiques, pointant des erreurs dans les prévisions fiscales et défendant les décisions prises durant son mandat.
Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Économie et des Finances, a été auditionné ce jeudi par la commission des finances du Sénat dans le cadre d'une mission d'information sur la dérive des finances publiques. Face aux sénateurs, il a justifié le dérapage du déficit public en 2024, estimé à 6,1% du PIB, en défendant sa gestion et en attribuant la responsabilité aux choix du nouveau gouvernement et à des erreurs techniques dans l'évaluation des recettes.
Le dérapage du déficit attribué au nouveau gouvernement
Lors de son audition, Bruno Le Maire a contesté le chiffre de 6,1% du déficit public pour 2024, affirmant que ce niveau était le résultat des décisions du gouvernement actuel. Il a soutenu que si les mesures de redressement qu'il avait proposées avaient été adoptées, le déficit aurait pu être réduit à environ 5,5%. Selon lui, le gouvernement n'a pas pris les décisions nécessaires pour contenir le déficit, préférant d'autres orientations budgétaires.
L'ancien ministre a évoqué une "grave erreur technique" dans l'estimation des recettes fiscales pour expliquer la dégradation des finances publiques. Il a souligné que cette erreur n'était pas de son fait, rappelant que l'évaluation des recettes relève de l'administration fiscale, indépendante du ministre et de son cabinet. Bruno Le Maire a insisté sur le fait qu'il n'y avait eu "ni faute, ni dissimulation, ni volonté de tromperie" de sa part, selon Le Monde.
Des arbitrages perdus au sein du gouvernement précédent
Bruno Le Maire a également évoqué les arbitrages budgétaires qu'il n'a pas remportés au sein du gouvernement précédent. Il a mentionné avoir proposé, en août 2023, une moindre revalorisation des prestations sociales et des retraites, une mesure qui n'a pas été retenue. Il a rappelé que les décisions budgétaires sont prises de manière collégiale et que le ministre des Finances ne décide pas seul.
Pour expliquer le dérapage du déficit, l'ancien ministre a mis en avant le contexte économique exceptionnel des dernières années, marqué par les crises du Covid-19 et de l'inflation. Ces événements ont conduit à des dépenses publiques massives pour soutenir l'économie, les ménages et les entreprises. Bruno Le Maire a défendu ces mesures, affirmant qu'elles étaient essentielles pour préserver le tissu économique français malgré leur impact sur les finances publiques.
Appel à une meilleure collaboration entre le gouvernement et le Parlement
Il a suggéré une plus grande transparence entre le gouvernement et le Parlement concernant les prévisions budgétaires. Proposant que les notes de prévision du Trésor et de la Direction générale des finances publiques soient transmises en temps réel aux présidents et rapporteurs généraux des commissions des finances, il estime que cette collaboration accrue permettrait d'améliorer la surveillance et la gestion des finances publiques.
Les sénateurs ont exprimé des critiques envers les explications de l'ancien ministre. Le rapporteur général du budget, Jean-François Husson, a déploré le poids de la dette publique sur les Français. La commission des finances du Sénat poursuivra ses auditions avec l'ancien ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, et les anciens Premiers ministres Gabriel Attal et Élisabeth Borne pour approfondir l'enquête sur le dérapage du déficit public. Selon Le Point, une commission d'enquête sera également lancée à l'Assemblée nationale.