Smic 2025 : une stabilité controversée après une hausse anticipée
Malgré une inflation en recul, les mécanismes de revalorisation automatique laissent le Smic inchangé au début de l'année prochaine, un choix justifié par les données économiques récentes.
Le Smic ne connaîtra pas de revalorisation automatique au 1er janvier 2025, une situation anticipée en raison de la hausse exceptionnelle de 2% appliquée en novembre dernier. Si cette décision repose sur des critères économiques, elle suscite des interrogations quant à son impact sur les travailleurs rémunérés au salaire minimum.
Une absence de revalorisation largement anticipée
Selon les données publiées ce vendredi par la Dares et l'Insee, aucune revalorisation automatique du Smic n'est prévue au 1er janvier 2025. La hausse de 2% décidée par Michel Barnier, alors Premier ministre, au 1er novembre 2024, dépasse légèrement les critères habituels d'ajustement, qui auraient conduit à une augmentation de 1,9%. Cette décision maintient le Smic horaire brut à 11,88 euros (9,40 euros net) et le salaire mensuel brut à 1 801 euros (1 426,3 euros net) sur la base de 35 heures par semaine.
La méthode de revalorisation automatique combine deux indicateurs : l'inflation hors tabac pour les 20% des ménages les plus modestes et la moitié du gain de pouvoir d'achat des salaires horaires de base des ouvriers et employés (SHBOE). Ces critères, appliqués aux données de novembre, confirment l'absence de besoin d'une nouvelle revalorisation au 1er janvier.
En novembre, le groupe d'experts indépendants sur le Smic avait déjà estimé que cette situation était probable. Au vu des chiffres provisoires de l'inflation, "la revalorisation automatique du Smic serait de 1,95% au 1er janvier 2025", expliquaient-ils dans leur rapport, relayé par La Tribune.
Un contexte économique et social sous tension
Depuis 2021, le Smic a connu neuf revalorisations, représentant une augmentation totale de 17%. Pendant ce temps, l'inflation a progressé de près de 15%, selon le rapport des experts publié fin novembre. Cela a permis de préserver le pouvoir d'achat des salariés rémunérés au minimum légal. Cependant, les critiques demeurent quant à l'impact de cette stabilité sur les travailleurs les plus précaires.
Le même rapport souligne que, pour la première fois depuis janvier 2021, le pouvoir d'achat des salariés au Smic a augmenté, grâce à une indexation supérieure à l'inflation. Cependant, certains économistes restent prudents. Aller au-delà des hausses déjà effectuées fragiliserait la situation économique et serait "préjudiciable à l'emploi des plus vulnérables", a averti le groupe d'experts indépendants, selon Les Echos.
Sur le terrain politique, cette décision pourrait évoluer avec l'arrivée de François Bayrou à Matignon. Lors de son programme législatif, le Nouveau Front populaire avait évoqué la possibilité de porter le Smic à 1 600 euros net. Toutefois, selon un porte-parole du PS interrogé par Les Echos, une telle mesure nécessiterait des dispositifs d'accompagnement pour les TPE et PME.
Une inflation maîtrisée mais des pressions persistantes
Les données de l'Insee montrent que l'inflation, bien qu'en repli, continue de peser sur les ménages modestes. En novembre, elle a légèrement baissé de 0,1% sur un mois, principalement grâce à une diminution des prix des transports aériens et une moindre baisse des prix de l'énergie. Cependant, les hausses des prix de l'alimentation (+0,2%) et des services (+2,3% sur un an) continuent d'affecter les budgets les plus modestes.
Le rapport des experts a également rappelé que l'absence de revalorisation au 1er janvier ne devait pas empêcher des ajustements structurels pour protéger les travailleurs.
La loi pour le pouvoir d'achat de 2022, qui oblige les branches professionnelles à renégocier leurs grilles salariales dans les 45 jours suivant une hausse du Smic, pourrait devenir un outil clé pour renforcer la cohérence entre les salaires et le coût de la vie, selon les conclusions du rapport.