OpenAI atteint une valorisation record de 300 milliards grâce à SoftBank
OpenAI a annoncé une levée de fonds de 40 milliards de dollars. Ce financement porte la valorisation de l'entreprise à 300 milliards de dollars. Il s'agit de la plus importante levée de fonds jamais enregistrée pour une entreprise technologique non cotée.
Un financement massif conditionné à un changement de statut
D'après plusieurs sources concordantes, SoftBank contribue à hauteur de 30 milliards de dollars à ce tour de table. Le solde est apporté par d'autres investisseurs, dont Microsoft, Coatue, Altimeter et Thrive Capital. Un premier versement de 10 milliards est prévu immédiatement. Le reste sera débloqué d'ici la fin de l'année, à condition qu'OpenAI modifie ses statuts et passe d'une structure à but non lucratif à une entité commerciale classique.
Ce changement de statut est un élément central de l'accord. Il a été imposé par SoftBank, qui conditionne le versement de trois quarts de sa contribution à cette transition. OpenAI a été fondée en 2015 en tant qu'organisation à but non lucratif, un modèle qui pose aujourd'hui des contraintes sur la répartition du capital et les futures opérations financières. Selon l'agence Reuters, cette transition devait initialement se faire sur deux ans, mais la levée de fonds accélère le calendrier.
Ce point suscite des désaccords. Elon Musk, cofondateur de l'entreprise, avait quitté OpenAI en 2019 en désaccord avec cette orientation. Certains observateurs redoutent qu'un changement de statut oriente les priorités de l'entreprise vers la rentabilité, au détriment de la fiabilité de ses modèles.
Des dépenses élevées et une rentabilité lointaine
OpenAI connaît une croissance rapide mais continue de générer d'importantes pertes. D'après Les Échos, l'entreprise a enregistré en 2024 un chiffre d'affaires de 3,7 milliards de dollars pour plus de 5 milliards de pertes. Elle prévoit un chiffre d'affaires de 12,7 milliards en 2025, mais ne prévoit pas d'atteindre la rentabilité avant 2029, selon des documents internes cités par Le Figaro.
Les dépenses de l'entreprise sont principalement liées à l'achat de puces, de serveurs et à la construction de centres de données nécessaires à l'entraînement de ses modèles d'intelligence artificielle générative. Sam Altman, directeur général d'OpenAI, a déclaré que son objectif était de développer une "superintelligence", une forme d'IA censée dépasser les capacités humaines. Cette ambition suppose des besoins financiers très élevés.
Un modèle économique encore en construction
OpenAI compte aujourd'hui 500 millions d'utilisateurs hebdomadaires sur ChatGPT. L'entreprise revendique 20 millions d'abonnés payants. Deux formules sont proposées : un abonnement standard à 20 dollars et une version professionnelle à 200 dollars. OpenAI envisage également d'ajouter de la publicité à ses services gratuits.
Malgré cette base d'utilisateurs et les tentatives de monétisation, la question de la rentabilité reste posée. Jean-Baptiste Bouzige, fondateur du cabinet Ekimetrics, souligne que "l'usage et l'utilité des grands modèles d'IA dans les entreprises reste entière". Jacques-Aurélien Marcireau, gérant chez Edmond de Rothschild AM, précise qu'"à ce stade de valorisation, les chemins de financement ne sont pas très nombreux" et que les états financiers d'OpenAI "ne lui permettent pas d'entrer en Bourse à l'heure actuelle".
Une place renforcée dans l'écosystème technologique mondial
Avec cette valorisation de 300 milliards de dollars, OpenAI se rapproche de sociétés comme ByteDance (315 milliards) ou SpaceX (plus de 350 milliards). La start-up semble en mesure de se financer sans recourir à une introduction en Bourse, contrairement à d'autres entreprises du secteur de l'IA confrontées à un accès restreint aux marchés financiers.
Le fonds japonais SoftBank, qui mène ce financement, est également engagé aux côtés d'OpenAI dans le projet d'infrastructures IA Stargate. Masayoshi Son, fondateur de SoftBank, reste toutefois prudent. Son groupe a conditionné sa participation à une modification de la gouvernance d'OpenAI, jugée jusqu'ici trop rigide. Sarah Friar, ancienne directrice financière de Square et Nextdoor, a pris la direction financière d'OpenAI à l'été 2024 et pilote cette nouvelle phase.