Métiers en tension 2025 : publication tardive, contestations immédiates
L'arrêté fixant la nouvelle liste des métiers en tension a été publié ce 22 mai, avec près de trois mois de retard sur le calendrier initial. Ce document, destiné à faciliter l'embauche et la régularisation de travailleurs étrangers dans des secteurs en pénurie, a immédiatement suscité des réactions contrastées.
Une publication attendue depuis février
Initialement prévue fin février, la liste a été présentée aux partenaires sociaux dès le 21 février mais n'a été rendue publique qu'au Journal officiel le 22 mai. Elle succède à la version de 2021, alors que la loi immigration du 26 janvier 2024 prévoit une mise à jour annuelle.
Le document recense environ 80 métiers répartis par région. Il permet aux ressortissants hors Union européenne d'être recrutés sans qu'une offre d'emploi soit préalablement déposée. Il ouvre aussi la voie à une régularisation individuelle pour les personnes en situation irrégulière, sous réserve de trois ans de présence en France et de douze mois de bulletins de salaire sur les vingt-quatre derniers mois. Le préfet reste seul décisionnaire dans l'octroi du titre de séjour temporaire.
Selon le ministère du Travail, les critères de sélection incluent les tensions sur le marché de l'emploi et une présence significative de travailleurs étrangers non communautaires. Des consultations ont été menées avec les partenaires sociaux au niveau régional, puis national.
Dans un communiqué cité par le ministère, Astrid Panosyan-Bouvet a souligné que la liste avait été "construite à partir des réalités locales du marché du travail, en lien avec les partenaires sociaux, afin de s'adapter au plus juste aux secteurs en manque de main-d'œuvre".
Des besoins bien identifiés mais partiellement couverts
Certains secteurs sont bien représentés, notamment l'agriculture, le bâtiment, l'aide à domicile ou encore l'hôtellerie-restauration. Ce dernier reste l'un des plus affectés : France Travail estime à 336 000 le nombre de postes à pourvoir en 2025, dont la moitié avec des difficultés de recrutement.
Mais la liste ne fait pas l'unanimité. Plusieurs professionnels déplorent des oublis. À Paris, par exemple, seul le poste de cuisinier est mentionné, laissant de côté d'autres fonctions pourtant essentielles comme plongeur, aide-cuisinier ou serveur. L'Union des entreprises de proximité (U2P) regrette que les métiers de bouche comme les boulangers, bouchers ou poissonniers aient été écartés, malgré des alertes répétées sur leurs pénuries.
La CFDT, de son côté, critique le calendrier de publication. Lydie Nicol, responsable des politiques migratoires, a déclaré auprès de l'AFP et relayée par Le HuffPost que "cette liste tombe au moment où il faudrait déjà discuter de sa mise à jour annuelle".