Pétrole : l'OPEP+ ajuste ses quotas sans dissiper les incertitudes du marché

Pétrole : l'OPEP+ ajuste ses quotas sans dissiper les incertitudes du marché Le cartel pétrolier a annoncé une hausse modérée de la production pour novembre, concernant huit pays membres. Une stratégie progressive qui intervient dans un contexte de pressions multiples : repli du Brent, montée des exportations russes et stagnation de la demande.

Réunis dimanche 5 octobre, les membres influents de l'OPEP+ ont opté pour un ajustement prudent de leurs niveaux de production. L'organisation cherche à naviguer entre défense des parts de marché et préservation des prix, dans un environnement marqué par des signaux contradictoires.

Un relèvement ciblé des quotas de production

L'OPEP+, qui regroupe les 13 membres de l'OPEP et 10 alliés emmenés par la Russie, a annoncé une légère augmentation des quotas de production pour huit de ses pays à compter de novembre 2025. L'ajustement porte sur environ 900 000 barils par jour supplémentaires par rapport aux niveaux actuels, sans remettre en cause l'accord global de réduction en vigueur depuis 2022.

L'Arabie saoudite et la Russie, qui assurent la coordination du groupe, ont renouvelé pour leur part leurs réductions volontaires, ce qui limite l'impact immédiat de cette décision sur l'offre mondiale. Les deux géants maintiendront respectivement une coupe de 1 million de barils par jour et de 300 000 barils par jour au moins jusqu'à décembre.

"Ce processus vise à rééquilibrer le marché progressivement, en tenant compte des réalités économiques de chaque pays", a déclaré le ministre saoudien de l'Énergie, Abdelaziz ben Salmane, cité par Al Arabiya. Une déclaration qui reflète la volonté d'éviter un choc brutal sur les prix tout en offrant une marge de manœuvre aux États producteurs confrontés à des tensions budgétaires.

Une décision qui intervient dans un climat d'instabilité

La réunion de l'OPEP+ intervient alors que le baril de Brent a perdu près de 12 % en un mois, retombant sous la barre des 84 dollars. Cette baisse s'explique notamment par l'augmentation des exportations russes, la faiblesse persistante de la demande chinoise et les craintes liées à l'économie mondiale.

Les marchés pétroliers restent volatils. Selon les chiffres de Reuters, les exportations de brut russe ont atteint en moyenne 3,7 millions de barils par jour en septembre, en hausse par rapport à août. Un volume qui contribue à peser sur les cours, malgré les sanctions internationales.

En parallèle, les analystes soulignent l'effet limité de la dernière décision de l'OPEP+ sur les tendances à court terme. "Il s'agit d'un ajustement technique plus que d'un changement stratégique", estime Amrita Sen, cofondatrice d'Energy Aspects, citée dans Bloomberg. Elle ajoute que les acteurs du marché attendent davantage de signaux macroéconomiques avant de reconfigurer leurs anticipations.

Enfin, les divergences internes au sein de l'organisation – notamment entre pays africains et monarchies du Golfe – persistent sur la répartition des quotas. Si le compromis trouvé ce week-end évite un blocage, il illustre une fois de plus les tensions latentes au sein de l'alliance.