Budget 2026 : hauts revenus, entreprises et niches fiscales dans le viseur
Le projet de loi de finances 2026, qui sera présenté le 25 octobre en Conseil des ministres, prévoit un déficit public de 144 milliards d'euros, stable par rapport à 2025. L'objectif affiché est de maintenir une trajectoire budgétaire inchangée, avec un effort prioritairement porté sur les recettes. L'exécutif entend notamment supprimer certaines niches fiscales et augmenter des taxes ciblées, sans modification de l'assiette globale des prélèvements obligatoires.
Un effort budgétaire concentré sur les recettes fiscales
Selon le document transmis aux partenaires sociaux et cité par Les Échos, la majorité du redressement des comptes publics repose sur une hausse des recettes nettes, qui atteindraient 507 milliards d'euros. Les dépenses de l'État, elles, sont prévues à hauteur de 651 milliards d'euros, dont 490 milliards hors dette et pensions. Le gouvernement exclut des coupes massives dans les dépenses sociales et sanctuarise les budgets alloués à la transition écologique, à l'éducation et à la défense.
Les mesures envisagées concernent plusieurs catégories de contribuables et d'entreprises. L'allègement de charges patronales sur les salaires compris entre 2,5 et 3,5 SMIC pourrait être réduit. L'exonération fiscale dont bénéficient les contrats courts dans l'hôtellerie-restauration pourrait également être supprimée. Le gouvernement envisage aussi une augmentation de la fiscalité sur le gazole non routier (GNR) dans le secteur du bâtiment.
Par ailleurs, un ajustement de la taxation sur les bénéfices exceptionnels des entreprises est à l'étude. Le gouvernement a renoncé à instaurer une taxe sur les superdividendes, mais souhaite accroître la contribution des grandes entreprises, sans pour autant modifier l'impôt sur les sociétés. Dans une déclaration relayée par L'Express, Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics, affirme que " le gouvernement n'augmente pas les impôts ", précisant que " les allègements existants sont recentrés ou supprimés lorsqu'ils ne sont pas efficaces ".
Des équilibres politiques fragiles et un recours probable au 49.3
Le projet de budget 2026 s'inscrit dans un contexte politique tendu. La composition récente du gouvernement Lecornu II n'a pas modifié les équilibres à l'Assemblée nationale, où la majorité reste relative. L'adoption du texte est donc incertaine, et le recours à l'article 49.3 est jugé probable, comme ce fut le cas pour les précédents budgets.
Sur le plan européen, le calendrier budgétaire se heurte à la révision des règles de gouvernance économique. La France est sous la surveillance renforcée de la Commission européenne, qui pourrait formuler des remarques si les objectifs de réduction du déficit ne sont pas jugés crédibles. Le gouvernement parie sur une croissance de 1,4 % en 2026 et table sur une baisse progressive de la dépense publique en part de PIB.
Le texte présenté au Conseil des ministres s'accompagnera d'un programme de stabilité envoyé à Bruxelles et devrait être suivi de négociations au Parlement tout au long de l'automne. L'opposition a d'ores et déjà annoncé des contre-propositions, notamment sur la fiscalité des grandes entreprises et les dépenses de transition écologique.