Déclassée par S&P, la France rejoint le groupe des pays à risque budgétaire
Depuis 2012, la note de la France n'a cessé de reculer dans les grilles des principales agences de notation. La dernière décision de S&P, rendue publique le 17 octobre, intervient dans un contexte budgétaire et politique particulièrement tendu.
Une dégradation justifiée par le déficit et l'endettement
L'agence Standard & Poor's a abaissé, vendredi 17 octobre, la note souveraine de la France de AA− à A+. Elle justifie sa décision par une "incertitude élevée" sur les finances publiques, estimant que, "en l'absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire", l'amélioration restera trop lente. Elle prévoit une dette publique brute atteignant 121 % du PIB en 2028, contre 112 % fin 2024, selon son communiqué cité par Le Monde.
Cette décision intervient trois jours après la présentation du projet de loi de finances 2026. Le ministre de l'Économie, Roland Lescure, a réagi en déclarant qu'il " [prenait] acte " de cette dégradation, tout en réaffirmant que " le gouvernement confirme sa détermination à tenir l'objectif de déficit de 5,4 % du PIB pour 2025 ". Il précise que le budget 2026 vise une réduction à 4,7 %, afin de respecter l'objectif des 3 % en 2029.
Ce nouvel abaissement s'ajoute à celui décidé par Fitch en septembre. Moody's, de son côté, doit rendre son évaluation le 24 octobre. Sur l'échelle de S&P, la France se retrouve désormais au niveau de pays comme l'Espagne, le Portugal ou le Japon. La facture de la dette s'alourdit : Le Monde rappelle que les intérêts payés devraient atteindre 55 milliards d'euros en 2025.
L'instabilité politique alimente la défiance
La note de la France a été abaissée à quatre reprises par S&P depuis 2012. La première dégradation, intervenue sous Nicolas Sarkozy dans le contexte de la crise de la dette en zone euro, a marqué un tournant symbolique. La dernière en date intervient dans un climat particulièrement instable : dissolution de l'Assemblée en 2024, succession de gouvernements sans majorité, tension sur la réforme des retraites.
" La France traverse sa plus grave instabilité politique depuis la fondation de la Vᵉ République en 1958 ", affirme S&P dans son rapport, relayé par Libération, ajoutant que " depuis mai 2022, Emmanuel Macron a dû composer avec deux Parlements sans majorité claire et une fragmentation politique de plus en plus forte ".
Le Premier ministre Sébastien Lecornu, engagé à ne pas recourir à l'article 49.3, devra pourtant faire adopter un budget dans un Parlement divisé. Le calendrier s'annonce tendu : le gouvernement a jusqu'à la fin de l'année pour faire voter le texte, sans quoi l'incertitude financière pourrait encore s'amplifier.