Avec Kamala Harris, les démocrates reconquièrent la Silicon Valley
"Il y a un réel changement de dynamique dans la Silicon Valley", affirmait Aaron Levie, président de l'entreprise de logiciel Box, quelques jours après l'annonce du retrait de Joe Biden. Ce rebondissement de campagne, bientôt suivi de l'essor de la candidature de Kamala Harris, semble avoir réconcilié bon nombre de grands patrons californiens avec le parti démocrate. Une bonne nouvelle pour la campagne de la vice-présidente, après que la tentative de meurtre de Donald Trump avait valu au candidat républicain le ralliement de plusieurs figures de l'industrie de pointe.
Kamala Harris est en effet perçue comme "beaucoup plus probusiness que Trump", assure Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn, sur CNN. A peine quelques minutes après l'annonce du retrait de Joe Biden, l'investisseur s'est déclaré "de tout cœur" derrière la vice-présidente, dans un message posté sur X. Il n'a cependant pas tardé à présenter ce qui ressemble à une contrepartie, confiant sur CNN son espoir de voir, en cas de victoire démocrate, un changement de direction à la commission fédérale du commerce (FTC). Dans son viseur, Lina Khan, nommée présidente de la FTC par Joe Biden, et dont l'action antitrust suscite l'animosité dans la Silicon Valley.
Une réputation de modérée
A l'inverse, Kamala Harris a l'image d'une centriste auprès des figures éminentes de la tech californienne : considérée comme plus modérée de Joe Biden, elle suscite l'espoir d'un climat libéral pour les affaires. Sa récente gestion du dossier de l'intelligence artificielle à la Maison Blanche a, par exemple, été globalement saluée dans la Silicon Valley : chargée de l'application d'un décret sur l'utilisation responsable de l'IA, elle a privilégié le volontariat à la contrainte et ainsi obtenu des engagements de la part de 16 entreprises, la dernière en date étant Apple.
Cette bonne réputation lui a valu d'obtenir un soutien financier de l'ordre de sept millions de dollars de la part du cofondateur de Netflix, Reed Hastings, qui appelait depuis plusieurs semaines au retrait de Joe Biden. Le business angel Ronald Conway n'a pas non plus tardé à se rallier à la vice-présidente sur X, appelant même la "la communauté de la Tech" à "s'unir pour vaincre Donald Trump et sauver notre démocratie". Ce dernier ajoutait : "Je connais Kamala depuis des décennies et elle est une combattante, une meneuse et une défenseuse de l'écosystème de la tech depuis le jour de notre rencontre."