Budget 2025 : le Haut conseil des finances publiques émet des doutes sur le "réalisme de la trajectoire" proposée
L'organisme de contrôle budgétaire a rendu en urgence son avis sur le projet de loi de finances. Celui-ci se montre perplexe quant aux prévisions de réduction du déficit.
Un accueil plutôt tiède. Chaque année, le Haut conseil des finances publiques, organisme indépendant rattaché à la Cour des comptes, rend un avis consultatif sur le projet de loi de finances de l'Etat, avant que celui-ci ne soit soumis aux débats du Parlement. Cette fois-ci, le CHFP n'a eu que quelques jours pour prendre connaissance du texte finalisé en urgence par le nouveau gouvernement Barnier. Pour autant, il ne s'est pas privé d'exprimer quelques doutes, selon BFMTV.
L'avis du Haut conseil, que la chaîne d'information a pu consulter avant sa publication, interroge notamment le "réalisme" de la trajectoire de résorption du déficit public amorcée par le texte, au regard des prévisions de croissance. Alors que le PLF table sur une croissance économique de l'ordre d'1,4% en 2026, puis d'1,5% en 2027-2028, ce scénario "suppose que l'ajustement budgétaire inscrit dans la prévision ne l'empêchera pas d'atteindre la croissance potentielle", peut-on lire. Autrement dit : que les coupes budgétaires et les hausses d'impôts prévues ne ralentiront pas le croissance.
Informations insuffisantes
Pour rappel, Michel Barnier s'est fixé pour objectif de ramener le déficit public à 5% du PIB en 2025 et sous les 3% réglementaires en 2029. Concernant le premier objectif, "le risque que cette prévision soit dépassée est élevé", tranche le HCFP. Quant au deuxième, s'il "parait plus réaliste" que le précédent horizon fixé à 2027, le Conseil estime néanmoins que les informations qui lui ont été transmises sont insuffisantes pour en "apprécier le réalisme".
Par ailleurs, "le ratio de dette publique visé dans ce plan augmente jusqu'en 2027 et ne commencerait à baisser qu'en 2028", note l'avis. Or, cet horizon 2028 est mis en doute "par l'incertitude qui entoure la prévision de déficit public", estime le Conseil : ainsi, "tout écart à la prévision de déficit risquerait de reporter la réduction du ratio de dette au-delà de 2028."