Dette mondiale : la pression monte sur les États et les marchés

Dette mondiale : la pression monte sur les États et les marchés L'endettement planétaire a bondi à un niveau inédit au premier semestre 2025. Gouvernements et pays émergents multiplient les emprunts, faisant craindre un effet boule de neige sur les finances publiques et les marchés.

La dette publique française inquiète, mais elle n'est pas un cas isolé. Partout sur la planète, l'endettement atteint des niveaux inédits. Selon l'Institut de la finance internationale (IIF), la dette mondiale a bondi au premier semestre 2025, retrouvant une dynamique proche de celle observée au plus fort de la pandémie.

Une dette record, alimentée par les gouvernements

À la fin du deuxième trimestre 2025, l'endettement mondial atteignait 337 700 milliards de dollars, en hausse de plus de 21 000 milliards en seulement six mois. "L'ampleur de cette hausse est comparable à la flambée observée au second semestre 2020, lorsque les réponses politiques à la pandémie avaient provoqué une accumulation sans précédent de la dette mondiale", souligne l'IIF, cité par Le Figaro.

Cette progression résulte d'un ensemble de facteurs : assouplissement des conditions financières, affaiblissement du dollar en recul de presque 10 % depuis janvier et politiques monétaires plus souples. Mais le principal moteur reste l'endettement public. Parmi les pays les plus contributeurs figurent la Chine, les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon… et la France.

Les conséquences se font déjà sentir sur les marchés. Les obligations souveraines du G7 affichent des taux à dix ans proches de leurs plus hauts niveaux depuis 2011. "La hausse des dépenses militaires exercera une pression croissante sur les finances publiques dans un contexte de tensions géopolitiques", a expliqué à Reuters Emre Tiftik, directeur de recherche durable à l'IIF.

Les émergents en première ligne, l'Amérique sous contrainte

Les pays émergents, plus dépendants des financements extérieurs, sont particulièrement touchés. Leur dette a grimpé de 3 400 milliards de dollars au deuxième trimestre, pour dépasser 109 000 milliards. Le ratio dette/PIB atteint désormais 242,4 %, un niveau record. Ces États doivent en outre faire face à près de 3 200 milliards de remboursements obligataires et bancaires d'ici la fin de l'année, selon l'IIF.

Même la première économie mondiale reste exposée. Près de 20 % de la dette américaine est de court terme et représente aujourd'hui 80 % des émissions du Trésor. Cette dépendance risque de peser sur la Réserve fédérale, poussée à maintenir des taux bas pour éviter une explosion des coûts d'emprunt. Une contrainte qui, selon l'institut, pourrait menacer l'indépendance de la politique monétaire américaine.

Au total, le ratio dette/PIB mondial s'élève à plus de 324 %, légèrement en retrait par rapport au pic de la pandémie, mais toujours à un niveau jugé "vertigineux" par l'IIF. La question reste ouverte : jusqu'où les États et les marchés accepteront-ils de repousser les limites de l'endettement ?