Remaniement Lecornu : 35 ministres pour une équipe de mission sous pression
Deux jours après sa reconduction à Matignon, Sébastien Lecornu a présenté une équipe élargie de 35 ministres, mêlant anciens ministres, nouveaux élus et profils issus de la société civile, dans un contexte marqué par les menaces de censure.
Entre continuité politique et nouvelles recrues
Sur les 35 ministres et ministres délégués nommés dimanche soir, douze faisaient déjà partie du premier gouvernement Lecornu, dissous une semaine plus tôt. Gérald Darmanin conserve la Justice, Jean-Noël Barrot reste aux Affaires étrangères, et Catherine Vautrin, jusque-là en charge du Travail, de la Santé et des Solidarités, prend le ministère des Armées. Rachida Dati, toujours à la Culture, est reconduite malgré sa candidature aux municipales de Paris en 2026 et les procédures judiciaires en cours. Jean-Pierre Farandou, ancien PDG de la SNCF, devient ministre du Travail, tandis que Monique Barbut, ex-présidente du WWF, hérite de la Transition écologique. L'ancien dirigeant de Système U, Serge Papin, prend la tête d'un ministère élargi aux PME, au commerce et au pouvoir d'achat.
Parmi les ministres délégués, plusieurs profils marquent un élargissement au-delà des anciens cadres macronistes : Catherine Chabaud (MoDem), ex-navigatrice, est chargée de la Mer ; Alice Rufo, diplomate, devient ministre déléguée aux Armées ; et Michel Fournier, maire des Voivres et président de l'Association des maires ruraux de France, prend en charge la Ruralité. Huit ministres viennent directement de la société civile, sans expérience élective préalable.
Dans une déclaration relayée par Le Monde, Sébastien Lecornu a défendu une équipe composée de personnalités "qui s'engagent en toute liberté au-delà des intérêts personnels et partisans". Le gouvernement comprend aussi des ministres ayant déjà siégé dans les gouvernements Attal, Barnier ou Bayrou, comme Roland Lescure, désormais à la tête de l'Économie, ou Stéphanie Rist, nommée à la Santé.
Un gouvernement élargi sous tension politique
Malgré l'annonce initiale d'un exécutif resserré, le nombre de ministres a augmenté, et les équilibres partisans restent sensibles. Douze membres sont affiliés à Renaissance, six aux Républicains, dont certains risquent l'exclusion de leur parti. Le MoDem compte quatre représentants, Horizons trois, et l'UDI un. Seul entrant hors majorité présidentielle : Laurent Panifous, ancien socialiste rallié au groupe LIOT, chargé des relations avec le Parlement.
Plusieurs ministres reconduits avaient déjà quitté ou été exclus de leur formation politique d'origine. Rachida Dati, par exemple, ex-LR, a été investie candidate à Paris par les Républicains mais reste dans un gouvernement de centre-droit. Gérald Darmanin a, de son côté, annoncé se mettre "en congé de toute activité partisane" selon Les Échos, précisant que "l'élection présidentielle n'est pas l'enjeu du moment".
Ce gouvernement intervient alors que plusieurs formations d'opposition, dont La France insoumise et le Rassemblement national, ont annoncé le dépôt de motions de censure. L'ensemble de l'équipe gouvernementale doit désormais obtenir la confiance du Parlement pour faire adopter le budget, dans un calendrier contraint.