Samsung essuie le refus de SanDisk

L'offre de 5,8 milliards de dollars est jugée insuffisante par le conseil d'administration, qui reste cependant ouvert à une nouvelle proposition. Les concurrents de Samsung, dont Toshiba, pourraient se manifester.

Après les mots doux et la négociation, place aux hostilités. Dans son affrontement sur le marché des mémoires Flash de type NAND, Samsung espérait bien prendre le pas sur son rival Toshiba en concluant un accord avec SanDisk en vue de son acquisition. Samsung et SanDisk étaient à cette fin en discussion depuis le mois de mai. Mais le second a mis un terme aux négociations en refusant l'offre de rachat du premier.

Le prix proposé par Samsung de 26 dollars par action, en cash, valorisant l'entreprise à 5,8 milliards de dollars, a en effet été rejeté à l'unanimité par le conseil d'administration. La prime de 80% offerte aux actionnaires par rapport au cours de clôture du 15 septembre ne satisfait pas suffisamment les dirigeants de SanDisk, le prix sous-évaluant selon eux la valeur réelle de la société.

SanDisk ne ferme cependant pas définitivement la porte à un acquéreur, qu'il s'agisse de Samsung, ou d'un autre prétendant, et notamment de Toshiba. Celui-ci devra quoi qu'il en soit surenchérir, SanDisk déclarant dans un communiqué que Samsung avait préalablement évoqué un prix d'acquisition de 6,47 milliards de dollars, soit plus de 28,75 dollars par action.

Le conseil d'administration du spécialiste des mémoires flash pourrait bien se laisser séduire à partir de 28 dollars. Crédité d'une part de marché de 42,3% sur ce segment au 2e trimestre 2008 (selon le cabinet iSupply), Samsung devra payer le prix fort s'il veut disposer des près de 15% de part de marché de SanDisk et de sa technologie de mémoire 3D, présentée comme le possible remplaçant des mémoires flash.

Une protection des actionnaires insuffisante selon SanDisk

Mais pour Samsung, l'opération est aussi l'opportunité de réaliser des économies sur les royalties versées chaque année à SanDisk pour exploiter sa technologie (350 millions de dollars l'an dernier). En outre, Samsung pourrait porter des coups à son concurrent direct, Toshiba (27% de part de marché) partenaire de SanDisk dans la mémoire flash.

Les arguments en faveur d'un rachat sont donc bel et bien multiples, mais toutefois pas à n'importe quel prix, d'autant que les derniers résultats trimestriels de SanDisk se sont avérés plutôt décevants : perte nette de 67,9 millions de dollars. Depuis le début d'année, le cours boursier de la société a même fortement dévissé, perdant plus de 50%. Une chute libre qui a au moins l'avantage de rendre SanDisk vulnérable à un coup de force. 

Du côté de SanDisk, on se refuse en tout cas à parler d'attentes exagérées. Dans son communiqué, le conseil d'administration justifie son refus sur la base de plusieurs points dont l'impossibilité d'aboutir à un accord sur de possibles obstacles des régulateurs des marchés. SanDisk juge également que l'offre de Samsung n'apporte aucune protection aux actionnaires si la fusion ne pouvait se réaliser.

Enfin, l'entreprise soupçonne Samsung ne tenter par cette OPA d'influer sur les négociations devant avoir lieu pour définir le montant des royalties qu'il devra verser au titre de leur accord de licence. Informé de ce refus catégorique, Samsung s'est dit déçu par ces attentes qualifiées d'irréalistes. Le constructeur a également renouvelé sa demande pour disposer d'informations sur ses prévisions, sa roadmap technologique, ou encore sa relation de partenariat avec Toshiba.   

Samsung n'écarte pas non plus la possibilité de relever son offre. Il pourrait aussi décider de lancer une OPA hostile, en rachetant des actions auprès d'investisseurs institutionnels, pour se constituer une participation au capital de SanDisk. Quant aux numéros deux et trois du marché des mémoires flash, Toshiba et Hynix Semiconductor, ils se refusent pour l'heure à tout commentaire.