Frédéric Fuchs (Software AG) "Un rachat de plusieurs centaines de millions de dollars est possible d'ici 2012"

Le spécialiste de l'intégration et de la gestion des processus métier se tourne vers le Cloud et le développement applicatif mobile. Des rachats tactiques ont déjà été effectués.

Vous êtes positionnés dans les architectures orientées services depuis déjà plusieurs années. Ne pensez-vous pas avoir pris tardivement le virage du Cloud par rapport à IBM et Oracle ?  

SOA et Cloud sont absolument complémentaires. Le Cloud nécessite des technologies SOA qui impliquent des niveaux de performance les plus élevés possibles. C'est la raison pour laquelle nous avons racheté Terracotta et sa technologie qui permet d'exécuter le logiciel en mémoire et d'aller 1 000 fois plus vite qu'un accès en base de données. Cette acquisition nous a aussi permis de mettre la main sur un portefeuille de clients d'un million d'utilisateurs dans le monde, bien qu'en valeur ce rachat n'est pas comparable à celui d'IDS Sheer en 2009 pour 400 millions d'euros.

La technologie de Terracotta va venir enrichir le socle applicatif de l'EAI Webmethods, précédemment acquis, mais pas Aris car la notion de modélisation et d'exécution des processus métiers dans le Cloud n'est pas encore à l'ordre du jour. Les données gérées sous Webmethods sont stratégiques et confidentielles, et touchent aussi bien à la facturation client, chez France Télécom par exemple, qu'à la gestion des contrats d'assurances chez Generali.
 

"Nous tablons sur une croissance à deux chiffres de nos revenus en France au deuxième trimestre 2011"

 Leur traitement dans le Cloud ne peut donc se concevoir que dans le cadre d'un Cloud privé. Mais, il est encore trop tôt pour ces entreprises de l'envisager à très court terme. En revanche, c'est en réflexion chez eux et cette perspective leur semble intéressante mais pas avant un horizon de deux à trois ans. C'est en tout cas pour nous le bon moment pour nous positionner par rapport à la concurrence en particulier face à IBM et Oracle.


Pour ce faire, nous avons d'ailleurs mis en place une stratégie de partenariat qui consiste à déporter une partie de notre développement applicatif chez Capgemini, Atos Origin et Logica. Là-bas, un millier de consultants travaillent sur nos technologies, contre une cinquantaine chez nous.


Quel bilan faites-vous de ces six premiers mois de l'année écoulée en termes de volume d'affaires ?
Sur le premier trimestre 2011, nous avons enregistré une croissance de 9% à 272,6 millions d'euros au global. Sur la partie Business Process Excellence, qui regroupe les activités Webmethods et Aris, la croissance a été plus forte, de l'ordre de 12% à 124 millions d'euros.


Pour l'activité historique ETS, le chiffre d'affaires est passé de 89 à 97 millions d'euros. Si je ne peux pas encore communiquer sur les résultats pour le deuxième trimestre, je peux vous livrer une première tendance forte pour l'activité France en termes de recrutement de nouveaux clients. Il a été particulièrement bon, avec trois fois plus de nouveaux clients recrutés sur la période comparé à l'année dernière.

Cela s'explique en grande partie par la concrétisation de beaucoup de projets qui avaient démarré en 2010, après une année 2009 difficile. Par ailleurs, il faut noter que nous avons réussi à gagner plusieurs beaux projets dont une partie de celui du Crédit Agricole Nice pour plusieurs millions d'euros sur un total de 400 millions. Le pipeline de projets est en tout cas bien orienté, et nous tablons en France sur une croissance du chiffre d'affaires à deux chiffres pour le deuxième trimestre 2011. Parmi les autres projets que nous avons remportés, on peut citer notamment ceux pour Air Liquide, Point P, Swiss Life ou France Télévisions.
 

Sur quels facteurs différenciateurs misez-vous pour doper votre activité ?

Un autre aspect qui nous semble intéressant concerne le développement du multicanal et de la mobilité. C'est ce qui nous a poussé à racheter début juin Metismo qui fournit une plate-forme pour le développement d'applications mobiles muti-OS et multi-versions. Pour le moment il est encore tôt pour évoquer la volume d'affaires que l'on a pu tirer de cette acquisition, mais elle nous apparaît particulièrement tactique.

Au-delà des rachats de start-up de taille modeste mais hyper spécialisées d'un point de vue technologique, nous comptons en parallèle continuer à réaliser des acquisitions de grande taille, à plusieurs centaines de millions de dollars. Nous en avons réalisé tous les deux à trois ans environ, la dernière remontant à 2009. Un gros rachat est envisageable d'ici 2012 et peut être même avant.

Frédéric Fuchs est directeur France et Italie de Software AG.