NeuroChain, un projet open source français qui veut défier Ethereum
Porté par la start-up parisienne Consilium, le protocole de chaîne de blocs sera livré en version finale fin janvier. Il fait appel au machine learning pour orchestrer la preuve de consensus.
Initié par les Français Frédéric Goujon, architecte en système expert, et Billal Chouli, docteur en physique nucléaire et physique des particules, NeuroChain est un projet open source qui vise à créer une toute nouvelle blockchain publique. Pour le porter, les deux ingénieurs ont fondé début 2018 la société Consilium.
En ligne de mire, les deux associés entendent concevoir un environnement plus économique et moins consommateur en énergie que les principaux protocoles de chaînes de blocs actuels (preuve de travail, preuve d'enjeu). Le défi principal : proposer une alternative à Ethereum. Consilium compte livrer sa technologie, actuellement en bêta, en version finale d'ici fin janvier 2019.
Sous le capot, NeuroChain s'adosse à un mécanisme baptisé "proof of involvement and integrity". Visant à sécuriser et fiabiliser la chaine de blocs, il se décline en trois couches. La première estime le poids de la transaction réalisée. "Représente-t-elle 10 ou 100 euros ?", par exemple. La deuxième réalise un scoring des acteurs impliqués en fonction de leur niveau d'activité : le nombre de transactions qu'ils réalisent (dans un sens comme dans l'autre), la variété de ces dernières, la diversité des intervenants avec lesquels ils interagissent, le propre niveau d'activité de ces derniers... Enfin, la troisième couche détecte les méthodes jugées suspectes (doublonnages de transaction, forks, etc.) en vue de repérer "les tricheurs".
Après le page rank de Google, le bloc rank
Au final, l'ensemble de l'édifice fait penser à si méprendre au page rank, l'algorithme utilisé par Google pour classer ses résultats et éliminer les pages web à faible score de notoriété, avec peu d'audience ou encore peu (ou pas) de backlinks, etc. "Nous envisageons d'ailleurs d'adapter en parallèle notre protocole au champ des moteurs de recherche", confie Billal Chouli. Pour consolider le tout, NeuroChain fait appel au machine learning pour affiner le scoring au fur et à mesure, au regard de l'historique de la chaîne de blocs.
"NeuroChain pourra aussi être déployé pour créer des blockchains privées"
Comme Ethereum avec ses smart contracts, NeuroChain pourra lui-aussi mettre en musique des applications. Pour ce faire, Consilium met en avant le concept de smart app. Basé sur le protocole de partage de fichiers distribués IPFS (InterPlanetary File System), cet environnement repose sur un méta-algorithme taillé pour orchestrer les interactions entre les différents acteurs et maillons de la chaîne. Il est doté d'un système d'adressage, sous forme d'empreintes numériques cryptées, fournissant à l'instar d'une URL le chemin à suivre pour solliciter chaque application.
"Via NeuroChain, un logiciel de trading pourra par exemple prendre une décision d'achat de titres, en considérant un cours de bourse remonté par la chaîne. Et ce, au regard de ses propres règles et bases de données privées : analyse de marché, de risque, objectifs financiers, etc. Seules les actions découlant de cette décision seront ensuite réinjectées dans la blockchain. Dans le même temps, il sera possible de ne solliciter que les acteurs avec un certain scoring, et donc dignes de confiance", détaille Billal Chouli.
La cible : le data lineage
NeuroChain est équipé d'un méta-algorithme assurant la traçabilité des informations échangées de bout en bout. D'où le principal usage ciblé par Consilium : la gouvernance de la données ou data lineage, avec à la clé la compliance RGPD. Un domaine qui s'avère stratégique pour bon nombre de secteurs d'activité : assurance, banque, logistique, média, retail, secteur public... "NeuroChain pourra aussi être déployé pour créer des blockchains privées", ajoute Billal Chouli.
Comptant un effectif de 17 personnes, Consilium a bouclé en mai dernier une ICO à hauteur de 15 000 ethers, soit l'équivalent d'environ 10 millions d'euros au moment de l'opération. Fin juin, la jeune pousse introduisait ses tokens au Hadax, la troisième place financière mondiale de cryptomonnaies. Une opération qui permet depuis à ses investisseurs de spéculer sur leurs actifs. Une fois la sortie de la version 1.0 de son protocole livrée, fin janvier, la start-up compte se concentrer sur la promotion de sa technologie. Son modèle économique : commercialiser une offre de prestations de services et d'accompagnement à destination des organisations souhaitant adopter la solution.