L'ingénieur cloud, cheville ouvrière des projets de transformation

L'ingénieur cloud, cheville ouvrière des projets de transformation Oeuvrant en coulisse, il conçoit, déploie et maintient les architectures cloud. En fonction du niveau de séniorité, il peut prétendre à un salaire allant de 42 000 à 68 000 euros par an.

Au cœur des projets de cloud computing, l'ingénieur cloud se concentre sur les problématiques d'infrastructure. A ce titre, il est d'abord au service des développeurs. Parmi ses principales missions, il aura en charge la conception et le déploiement des architectures de cloud. Il aura aussi pour vocation de piloter la migration des applicatifs et des données vers le cloud public, mais aussi d'optimiser les ressources cloud pour garantir la performance des programmes déployés tout en rationnalisant les coûts.

"L'ingénieur cloud aura aussi pour mission de mettre en place des mesures de cybersécurité. Il s'agira notamment de la gestion des accès, du chiffrement et de la mise en conformité avec les normes en vigueur", précise Grégoire Carette, consultant en recrutement IT infrastructure, cloud et cybersécurité sur la région Centre et Normandie au sein du cabinet de recrutement Hays.

Fabien Hanteville, senior talent manager au sein du cabinet de recrutement Robert Half, ajoute : "Au-delà de la conception et du déploiement, l'ingénieur cloud se concentre aussi sur le maintien et l'évolution des infrastructures cloud." Dans cette optique, il gère l'automatisation de la production, notamment via des outils comme Terraform et Ansible.

Autre tâche clés : un support technique de niveau 3 (N3). "En cas de problème particulièrement complexe, le N3 fait directement appel aux providers. Ce niveau de support peut amener à effectuer des analyses approfondies, développer des solutions personnalisées et fournir une assistance spécialisée aux équipes de niveaux inférieurs. Les experts en charge de le mettre en œuvre travaillent souvent en étroite collaboration avec les équipes de développement pour résoudre les incidents et les problèmes de programmation ou d'infrastructure", détaille-t-on au sein de l'ESN française CapCompute.

Maîtriser les principaux clouds

On attendra par ailleurs d'un ingénieur cloud qu'il se maintienne à niveau sur l'ensemble des services cloud et leur évolution dans le temps. "Ce qui passera par un travail de veille technologique régulier", note Fabien Hanteville.

Quels sont les compétences attendues d'un tel profil ? "Il devra évidemment maitriser les principales plateformes cloud, notamment Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud Platform. Mais aussi les bases de données non-relationnelles", souligne Fabien Hanteville. "Parmi ses compétences clés, il s'agira aussi de maitriser le déploiement et l'intégration continue, mais également les méthodes agiles au premier rang desquelles Scrum." En termes de langages, l'ingénieur cloud devra faire preuve d'un savoir-faire en langage de programmation, notamment en vue d'automatiser des tâches voire d'accompagner les développeurs dans leur travail de programmation. "La maîtrise du Python, du Java et du Go sera un plus non-négligeable", commente Grégoire Carette.

"La capacité d'analyse est un point clé. Cette qualité permettra à l'ingénieur cloud de réaliser ses diagnostiques techniques"

Et le consultant de compléter : "La capacité d'analyse est un point clé. Cette qualité permettra à l'ingénieur cloud de réaliser ses diagnostiques techniques dans l'optique de résoudre les problèmes rapidement." Dans la même logique, il devra aussi être à même d'utiliser les outils d'observabilité et de monitoring de performance.

Sur le plan des soft skills, Grégoire Carette évoque la curiosité. Une qualité indispensable pour réaliser une veille de qualité. "La capacité de communication est également centrale dans la mesure où il s'agit d'un poste transverse aux projets cloud de l'entreprise", ajoute Fabien Hanteville. Enfin, l'écoute et la compréhension sont considérées comme des soft skills indispensables, notamment en vue des tâches de support. "On attend en outre d'un ingénieur cloud des facultés pédagogiques. Il doit pouvoir expliquer aux parties prenantes des concepts techniques complexes, soit du côté des développeurs soit du côté des métiers utilisateurs des applications cloud."

Collaborer avec les développeurs

"Toujours sur le plan des soft skill, l'ingénieur cloud devra être capable de collaborer avec les équipes de développement pour intégrer les solutions cloud dans l'écosystème technologique de l'entreprise. Il doit aussi faire preuve de compétences en gestion de projet, et notamment être capable de gérer plusieurs projets en parallèle tout en tenant les délais", complète Grégoire Carette chez Hays.

Autre exigence requise : une bonne maitrise de l'anglais. A la différence de beaucoup d'autres postes IT, le domaine du cloud est en effet beaucoup plus ouvert, plus vaste. Et ce, aussi bien au regard des interlocuteurs internes que vis-à-vis des interlocuteurs externes qui seront le plus souvent des fournisseurs américains.  

En termes de formation initiale, les entreprises ont tendance sans surprise à privilégier les études d'ingénieur. "Les masters sont en général consacrés à des métiers un peu plus fonctionnels. Et ce même si certains d'entre eux, tel celui de l'ECE intitulé Majeure Cloud Engineering et Management, ciblent les profils d'ingénieur cloud", pondère Fabien Hanteville.

Les ingénieurs cloud auront souvent une expérience préalable de 5 ans sur un métier connexe, par exemple ingénieur infrastructure ou administrateur. A l'autre bout du spectre, un ingénieur cloud peut aller assez loin en termes de séniorité, et dépasser dans certains cas les 20 années d'expérience.

Le niveau d'exigence sera évidemment très variable en fonction du niveau de séniorité. "On attendra d'un junior avec 0 à 3 ans de métier une première expérience dans le domaine du cloud, soit via des stages ou via une alternance", indique Fabien Hanteville. Entre 3 et 5 ans d'expérience, les profils intermédiaires devront faire preuve d'une bonne connaissance des services cloud et avoir déjà participé à des projets de déploiement.  Avec plus de 5 ans d'expérience, les séniors s'attaqueront à la conception d'architectures cloud complexes, voire à la gestion d'équipe. "Globalement, il est conseillé de privilégier les profils ayant déjà participé à des projets de migration et de mise en œuvre de solutions de sécurité, voire qui ont contribué à des projets d'automatisation et d'optimisation de ressources cloud", précise Fabien Hanteville.

Jusqu'à 68 000 euros

Le manque d'expérience pourra être compensé par une certification : Certified Solutions Architect chez AWS, Azure Solutions Architect Expert chez Microsoft ou Professional Cloud Architect côté Google. "Evidemment, un profil expérimenté ayant décroché en plus une ou plusieurs de ces certifications sera le combo gagnant", reconnaît Fabien Hanteville.

Selon Hays, les profils les plus juniors, affichant entre 0 et 3 ans d'expérience, peuvent prétendre à un niveau de rémunération situé entre 42 à 44 000 euros brut annuel. Les profils intermédiaires (entre 3 et 5 ans d'expérience) pourront voir leur salaire monter entre 44 et 50 000 euros. Quant aux séniors faisant preuve de 5 et 8 ans d'expérience, ils se hisseront à un niveau de rémunération situé entre 50 000 et 65 000 euros. Pour les profils avec une expérience de 8 ans ou plus, le salaire atteindra une fourchette de 63 000 à 68 000 euros. Des niveaux enregistrés à l'embauche en région parisienne, auxquels il faut soustraire 10% de rémunération pour les postes pourvus en région.

"Les profils les plus sénior se rapprocheront du métier d'architecte. Ils auront pour mission de choisir le type de plateforme en fonction des besoins, mais aussi les méthodes et les outils à utiliser", commente Fabien Hanteville. "Les profils plus junior ne touchera pas à la conception, mais sera positionné sur des fonctions d'ingénieur cloud plus classique, autour du scripting, de la migration ou encore du support utilisateur." Des missions déjà très variés qui pourront attirer nombre de jeunes diplômés.