Benjamin Revcolevschi (OVHCloud) "OVHcloud mettra à disposition six ordinateurs quantiques en mode cloud d'ici 2027"
Le nouveau directeur général revient sur sa stratégie et la feuille de route du fournisseur de cloud français pour les mois à venir.
JDN. Qu'en est-il de vos priorités en termes de développement de produits pour les mois à venir ?

Benjamin Revcolevschi. La première priorité est d'accélérer sur le cloud public. Ce marché est dix fois plus important que celui du cloud privé et croît deux fois plus vite. Nous développons nos offres depuis cinq ans sur ce terrain et prévoyons de continuer à enrichir notre portefeuille. Nous avons récemment annoncé des offres de compute sur trois zones de disponibilité avec à la clé des solutions de stockage objet et désormais de stockage en bloc. En parallèle, nous souhaitons donner la liberté de choix aux clients à travers un cloud ouvert, réversible et interopérable. De ce point de vue, OVHcloud n'est plus seulement un acteur de l'infrastructure, c'est aussi désormais un acteur du software.
Ensuite, il y a l'axe de la souveraineté. OVHcloud a été précurseur sur le sujet. C'est un enjeu d'OVHcloud depuis 20 ans. Nous ne touchons pas aux données de nos clients. Nous apportons également le plus haut niveau de protection en matière de data face aux lois extraterritoriales. C'est dans cette perspective que nous avons lancé il y a trois ans nos offres labellisées SecNumCloud. Historiquement, le label SecNumCloud portait sur nos offres de cloud privé. Dans le sillage de cette démarche, nous développons désormais des Bare Metal Pod qui sont en cours de qualification SecNumCloud. Une offre matérielle administrable à distance que les clients pourront déployer chez nous ou installer sur site en mode connecté ou déconnecté. (Dans la même logique, OVHcloud compte certifier SecNumCloud ses 40 services de cloud public, ndlr).
Les études montrent que l'IA tire la croissance du cloud. Est-ce aussi le cas pour OVHcloud ?
C'est le cas. Nous estimons que deux points du taux de croissance de notre offre de public cloud proviennent directement de l'IA. C'est un domaine dans lequel nous avons été précurseurs. Nous proposons des GPU depuis 2017 et enrichissons notre offre en permanence. Dans l'IA générative, nous nous positionnons sur le marché de l'inférence. Nous ne ciblons pas le segment de l'entraînement qui nécessite des gigawatts de puissance pour fonctionner et ne concerne qu'un très petit nombre d'acteurs. Nous nous concentrons sur les besoins des entreprises qui souhaitent faire tourner les modèles. Ce peut être déployer un chatbot pour leur client ou encore des services de traduction automatique, de conversion de textes en images...
"OVHcloud compte capitaliser sur une stratégie d'écosystème pour développer les agents IA"
Sur ce segment, nous avons choisi de proposer une quarantaine de modèles en open source avec une boîte à outils d'AI Endpoints permettant de les déployer. A cela s'ajoutera une data platform qui viendra compléter l'édifice.
Quelle va être votre stratégie en matière d'agents d'IA ?
Comme pour les applications et les modèles d'IA, OVHcloud compte capitaliser sur une stratégie d'écosystème pour développer les agents IA. C'est un terrain qui est très centré sur les métiers de nos clients. Notre rôle sera de fournir la meilleure boîte à outils et les meilleures infrastructures pour développer ces offres. A cela vient s'ajouter la couche logicielle que nous fournissons en matière de stockage, de containers, de gestion des clés de sécurité… Un ensemble de briques qui viendra nourrir les agents d'IA.
Où en êtes-vous en matière d'informatique quantique ?
Nous développons depuis cinq ans une stratégie dans ce domaine. Nous accompagnons un certain nombre de start-up positionnées sur ce segment. En parallèle, nous avons acquis un ordinateur quantique auprès de Quandela que nous avons déployé au sein de notre infrastructure de Croix dans le Nord. Nous l'utilisons pour des usages internes en matière de cryptographie. Nous mettons aussi à disposition des émulateurs quantiques en mode cloud. Nous fournissons notamment les simulateurs d'Alice & Bob, de C12, de Quandela et de Pasqal.
Mais nous souhaitons aller plus loin. Toutes les entreprises n'auront pas les moyens d'acquérir ce type de produit. Nous avons donc décidé de bâtir une plateforme cloud permettant d'y accéder. De la même manière qu'il n'y a pas d'IA sans cloud, il n'y aura pas d'informatique quantique sans cloud. Une machine quantique implique de la même manière des plateformes logicielles pour piloter les données et les applications. Et là encore, nous aurons une stratégie d'écosystème. Nous avons prévu de mettre à disposition en mode cloud six ordinateurs quantiques issus de fournisseurs tiers d'ici 2027.
Benjamin Revcolevschi est directeur général d'OVHcloud. Après un début de parcours au sein du Boston Consulting Group, il a occupé des postes clés de direction opérationnelle et commerciale chez Neuf Cegetel/SFR, avant de prendre la direction générale de Fujitsu en France, puis de DXC Technology pour la région France et Benelux. Benjamin Revcolevschi a rejoint OVHcloud en tant que directeur général adjoint en avril 2024, pour devenir directeur général en octobre suivant.