Philippe Billet (Polycom) : "La téléprésence connaît un engouement croissant dans l'industrie, l'audit et le conseil"

Sur le créneau de la visioconférence, l'éditeur entend faire de la téléprésence l'un de ses principaux relais de croissance à moyen terme. La chasse au carbone constitue un pilier de sa stratégie.

Comment ont évolué les besoins en matière de visioconférence et conférence Web ?

Le besoin en visioconférence a toujours été présent, bien qu'au départ l'usage devait se confronter à une barrière à la fois d'ordre culturel et technologique. Culturel dans la mesure où dans les pays latins la culture du rendez-vous physique est particulièrement bien ancré, et technologique un obstacle en termes de difficulté de configuration et d'utilisation.

Mais aujourd'hui, ces freins sont bel et bien levés, d'autant que les solutions de visioconférence permettent la mise en relation d'individus, indifféremment de l'annuaire LDAP ou de services auxquels elles sont reliées ou du mode de connexion des postes. De plus, l'accroissement de la qualité des sessions et l'absence de décalage entre les images et le son incitent de plus en plus d'entreprises à y recourir. Pour autant, cela reste toujours un marché de niche dans la mesure où on compte près de 5% de salles de conférences équipées pour supporter la visioconférence.

Quoi qu'il en soit, il est difficile de comparer la conférence Web, qui est du point à point, sans garantie de qualité, à des systèmes de visioconférence, plus aboutis et reposant sur des infrastructures spécialement mises en place pour l'occasion. Cela ne nous a cependant pas empêché de lancer sur le marché l'offre PVX positionnée sur le créneau de la mobilité pour répondre aux besoins des utilisateurs en situation de nomadisme. L'un des autres points différenciateurs entre la conférence Web et la visioconférence, c'est la qualité d'échantillonnage du son. Car à l'inverse de la visio, en 22 Khz, l'utilisateur dispose d'une acoustique qui lui permet tout juste de survivre dans un environnement d'échange collaboratif.

Quel est votre positionnement sur le marché de la visioconférence ?

Le marché des solutions d'infrastructure logicielle voix/vidéo devrait connaître des croissances de l'ordre de 22% en glissement annuel jusqu'à 2011, estimé en valeur aux alentours des 60 millions d'euros. Au niveau européen, ce marché apparaît clairement en plein essor et nous enregistrons pour notre part une croissance de 40% de notre chiffre d'affaires sur la zone EMEA.

"Nous travaillons en partenariat avec le fabricant de tableaux interactifs Smart Technologies"

Polycom a réalisé un chiffre d'affaires
d'1 milliard de dollars et est historiquement présent sur le marché de la conférence téléphonique, un segment de marché qui représente en 2007 40% de notre chiffre d'affaires global.

Nous avons été amenés à étoffer notre offre avec des gammes de téléphones SIP, tandis que les rachats en 2007 de SpectraLink et de Kirk ont permis de rajouter à nos catalogues des offres de téléphones DECT et Wi-fi. Pour cette année, nous proposons toute une gamme de produits full HD, supportant du simple au simple écran, sans oublier des outils de management pour gérer et simplifier l'interfaçage entre les différents postes téléphoniques.

Quels sont vos principaux chantiers stratégiques du moment ?

Nous comptons renforcer nos positions sur le marché en devenir de la téléprésence, qui remporte un engouement croissant auprès des grandes entreprises, des multinationales, en particulier dans le domaine industriel et de l'audit et du consulting, malgré un ticket d'entrée assez élevé de 500 000 euros. Ce type d'offre de présence réelle, positionnée haut de gamme, est constitué d'un système de caméras et d'écrans placés à hauteur d'yeux permettant de reproduire les conditions réelles d'une réunion avec des intervenants situés aux quatre coins du globe.

Nous travaillons par ailleurs en partenariat avec le fabricant de tableaux interactifs Smart Technologies qui propose des solutions innovantes de collaboration dans un contexte éducatif et professoral, à l'occasion de diverses procédures d'appels d'offres. Nous ne considérons pas ce marché comme étant concurrent du nôtre, mais nous percevons davantage ce type de produit comme une brique complémentaire de nos gammes de solutions. Nos offres sont en tous cas interopérables avec l'ensemble des équipements au standard H239, et nous participons à tous les groupes de travail œuvrant sur l'édition de nouveaux protocoles dans ce domaine.

Enfin, nous sommes positionnés à 100% dans l'informatique verte. Les comportements commencent à évoluer, certains par exemple commencent à imprimer leurs documents avec de l'encre à base de soja. De notre côté, nous avons développé des solutions en conformité avec la directive de recyclage RoHS, et poussé notre engagement en matière d'informatique verte en développant toute une offre de services pour aider les entreprises à mieux identifier les réductions en matière d'émission de carbone rendues possibles grâce à la visioconférence. Déjà disponibles aux Etats-Unis, ces prestations le seront tout prochainement en Europe.

Philippe Billet est directeur général France de Polycom.