Former les veilleurs de demain : un enjeu sociétal face à la désinformation
Face aux effets de la désinformation, initier les étudiants aux outils et aux méthodes de l'intelligence stratégique est un enjeu de société.
Le forum économique mondial qui s’est tenu au mois de janvier dernier a identifié la mésinformation ainsi que la désinformation comme des risques majeurs. Selon les experts, les déficits informationnels alimentent plus que jamais l’instabilité des institutions et sapent la confiance des citoyens vis-à-vis de la gouvernance. Dans un contexte marqué tout à la fois par une intensification de conflits armés, de fortes tensions géopolitiques, une fragmentation de nos sociétés et des risques environnementaux extrêmes, favoriser la circulation d’une information la plus juste possible relève d’une priorité absolue.
Intensifier les liens avec les établissements d’enseignement supérieur
Comment faire face à ces défis, sinon en prenant la question à sa racine même ? Il est important que les sociétés spécialisées dans le traitement de l’information, et particulièrement les éditeurs de solutions de veille stratégique, intensifient leurs liens avec les établissements d’enseignement supérieur, tous secteurs confondus.
Dans cette bataille contre la désinformation, les professionnels de la veille stratégique se doivent de prendre leur part. Actuellement, quelques éditeurs de solutions de veille développent leurs collaborations avec les écoles d’ingénieurs, de commerce et les universités françaises. Ces coopérations prennent différentes formes : cours magistraux assurés par des consultants spécialisés, animations d’ateliers, encadrement de projets de veille sur plusieurs mois, avec restitution finale devant un comité d’experts... Cette pédagogie active, structurée autour de cas concrets, offre une opportunité rare aux étudiants : celle de manipuler des outils d’analyse informationnelle habituellement réservés aux professionnels, et d’en appréhender les ressorts stratégiques.
Des bénéfices multiples pour les étudiants et leurs enseignants
Ces actions présentent des bénéfices multiples. Pour les étudiants, elles constituent un levier d’employabilité majeur. En intégrant les solutions de veille dans leurs stages ou alternances, ces futurs professionnels arrivent en entreprise avec une connaissance opérationnelle de la veille. Ils comprennent mieux les enjeux d’analyse de sources, de validation des contenus, de synthèse et de restitution – autant de compétences essentielles dans un monde saturé d’informations, voire de désinformation. Ce faisant, ils participent à une meilleure « hygiène informationnelle », aussi bien dans les organisations que dans la sphère publique.
Les équipes pédagogiques, quant à elles, tirent parti d’un partenariat solide avec un acteur reconnu, qui crédibilise et enrichit leurs formations. L’intégration de cas clients permet de dépasser les approches théoriques. Les écoles y trouvent également une opportunité de formation continue pour leurs propres enseignants, confrontés à des outils en constante évolution.
Au-delà du seul enjeu économique, une question de société
Pour les éditeurs, ces partenariats permettent bien sûr de renforcer leur visibilité tout en valorisant leurs solutions. Ils acculturent un vivier de jeunes talents à des solutions éminemment technologiques qui ne cessent de s’améliorer – notamment via les apports de l’Intelligence Artificielle. Ils créent les conditions d’un « retour terrain » toujours précieux, susceptible de déboucher sur des recrutements, mais également sur une diffusion plus large d’une culture de la veille structurée, outillée et critique.
Les enjeux collatéraux de ces acculturations ne doivent pas être sous-estimés. À l’échelle sociétale, ces synergies participent d’un effort commun de responsabilisation face à l’information. En démocratisant les méthodes des veilleurs professionnels, en leur donnant un écho dès la formation initiale, les partenariats contribuent à former des citoyens plus avertis, mieux préparés à faire le tri entre le vrai et le faux. L’enjeu est d’importance : seule une approche rigoureuse de l’information permet de faire face aux manipulations et aux fractures informationnelles qui affaiblissent actuellement les sociétés.
Ce défi informationnel est urgent : la désinformation et la mésinformation érodent aujourd’hui la confiance en nos institutions. En nouant des partenariats durables entre le monde académique et les professionnels de la veille, nous préparons dès aujourd’hui les esprits à la complexité de l’avenir qui se dessine. Et, surtout, nous armons les jeunes générations face aux incertitudes, en leur donnant les outils critiques indispensables à l’exercice de leur liberté.