Les imprimantes, maillon faible de la cybersécurité ?

Xerox

Souvent ignorées dans les initiatives de cybersécurité, les imprimantes n'en sont pas moins un maillon important du réseau informatique et doivent être protégées.

Il y a quelques mois, le média en ligne Cybernews a tenté une expérience inquiétante : pirater 50 000 équipements d’impression accessibles via une simple recherche sur un moteur IoT. Résultat : près de 28 000 terminaux ont été détournés, heureusement uniquement pour imprimer un guide de sécurité. Si l’anecdote prête à sourire, elle met surtout en lumière une réalité préoccupante : les imprimantes et multifonctions restent trop souvent le maillon faible de la cybersécurité en entreprise.

La plupart des efforts de sécurisation portent traditionnellement sur les équipements de cœur de réseau : postes de travail, serveurs, smartphones, infrastructures cloud. Mais comme le souligne le dernier Panorama de la cyber-menace publié récemment par l’ANSSI, les périphériques en bordure de réseau constituent une surface d’attaque croissante. Les multifonctions appartiennent pleinement à cette catégorie en accédant aux services d’annuaire, de messagerie ou serveurs de fichiers. Ce sont de véritables passerelles IoT sur lesquelles transitent au quotidien des flux sensibles (impression, numérisation, copie, fax) et qui peuvent, s’ils ne sont pas protégés, devenir un angle mort mettant en danger l’ensemble du système d’information.

Ports laissés ouverts, firmwares non mis à jour, mots de passe faibles… autant de négligences qui transforment un simple périphérique en point d’entrée stratégique pour des cyberattaques. On observe également des scénarios ciblés : récupération d’identifiants (“pass-back”), installation de malwares sur les MFP, ou encore exfiltration silencieuse de documents confidentiels.

L’apport du Zero Trust à l’impression

Face à des cyber-menaces de plus en plus sophistiquées, le cadre du NIST Cybersecurity Framework 2.0 a marqué une étape clé. Il donne les clés afin de se protéger efficacement face à la menace cyber, et encourage les entreprises à adopter une approche Zero Trust : ne jamais faire confiance, toujours vérifier.

Autrement dit, aucune requête, qu’elle vienne d’un utilisateur, d’une application ou d’un périphérique n’est considérée comme sûre par défaut. C’est une évolution majeure qui permet de limiter l’impact des négligences, maladresses ou attaques criminelles.

Dans la continuité de cette approche Zero Trust, on définit un cadre de sécurité rigoureux qui s’articule autour de quatre fondements clés :

  1. Sécurité de l’équipement : protéger chaque multifonction contre les tentatives de compromission, depuis le BIOS et le firmware jusqu’aux applications embarquées. Des mises à jour régulières, des audits de configuration et une surveillance en temps réel garantissent l’intégrité des systèmes.
  2. Gestion sécurisée des équipements : administrer la flotte avec le même niveau de rigueur que le reste du SI. Cela inclut des politiques de configuration cohérentes, une supervision centralisée et l’intégration avec des systèmes de détection avancée (SIEM) pour analyser les journaux d’activité et repérer rapidement toute anomalie.
  3. Sécurité pour l’utilisateur : contrôler strictement l’accès aux fonctions d’impression, de copie ou de numérisation. Authentification robuste (badges, codes PIN, MFA), gestion fine des rôles et permissions : chaque utilisateur, qu’il soit collaborateur interne ou télétravailleur, ne peut accéder qu’aux ressources nécessaires.
  4. Sécurité des documents : protéger les données à toutes les étapes de leur cycle de vie. Cela passe par le chiffrement des flux, la restriction des destinations de numérisation (par ex. adresses internes uniquement), le masquage des noms de fichiers dans les files d’attente et une traçabilité complète des actions.

Conformité et résilience : un enjeu européen

La question n’est pas uniquement technique. Elle touche aussi à la conformité réglementaire, notamment avec la directive européenne NIS2, qui impose aux organisations critiques de renforcer leurs dispositifs de cybersécurité. Journalisation systématique, détection rapide des incidents, capacité de remédiation : les systèmes d’impression doivent être intégrés à cette gouvernance, au même titre que les autres infrastructures IT.

Cette démarche d’intégration se fera grâce à :

  • la collecte et l’analyse des logs pour répondre aux audits de conformité,
  • des mécanismes d’alerte et de supervision en temps réel,
  • et des capacités d’analyse forensique et de remédiation automatisée pour limiter l’impact d’un incident et renforcer la résilience.

En intégrant pleinement les équipements multifonctions dans leur stratégie Zero Trust et dans leurs politiques de conformité, les entreprises réduisent considérablement les risques de fuites ou d’intrusions. Les MFP, longtemps considérés comme un angle mort, deviennent alors des maillons forts de la cybersécurité et de la résilience globale du système d’information.