Stanislas de Bentzmann (Devoteam) "L'automation devient une problématique de productivité clé pour les clients de Devoteam"

Le coprésident de l'ESN française dresse son analyse des principales tendances de la transformation numérique d'entreprise pour 2022 et dévoile sa stratégie à 5 ans.

Stanislas de Bentzmann est coprésident et cofondateur de Devoteam. © Devoteam

Depuis la reprise de 80% de son capital grâce au fonds KKR fin 2020, le groupe de Stanislas et Godefroy de Bentzmann vise une forte croissance. Objectif : 10 000 collaborateurs d'ici fin 2022 (+1 500) et un chiffre d'affaires à 1,5 milliard d'euros en 2025 (fois deux).

JDN. Quel bilan faites-vous de l'activité de Devoteam en 2021 ?

Stanislas de Bentzmann. Nous avons retrouvé le rythme de progression que nous avions avant la crise. Notre croissance va se situer au-dessus des 10% en 2021. Pour mémoire, elle était de 17% en 2018 et 9% en 2019. Nous avons en parallèle réalisé cinq acquisitions sur l'année. Ce qui nous permet d'ajouter à notre croissance organique entre trois et quatre points.

Suite au virage stratégique qu'a été la sortie de la bourse, quelles sont les activités qui ont tiré la croissance ?

Notre croissance a été tirée par nos partenaires technologiques que sont AWS, Google Cloud, Microsoft, Salesforce et ServiceNow, en cohérence avec notre précédent plan stratégique lancé début 2020. Des acteurs qui enregistrent des croissances de 30% à près de 50% en matière d'offre cloud. Partant de là, le challenge est de nous mettre en capacité de les suivre en formant des ingénieurs, en remportant des missions...

Evidemment, notre dynamique est portée par un besoin de transformation digitale qui est devenu (avec le Covid, ndlr) la priorité dans la plupart des organisations. Nous les accompagnons dans la définition de leur stratégie sur ce terrain, dans leurs choix technologiques, leur politique de data / IA, d'UX, de cybersécurité, et évidemment dans l'implémentation des offres cloud de nos partenaires.

Quelles sont les perspectives et vos prévisions pour 2022 ?

Pour 2022, nous anticipons une croissance dans le sillage de la trajectoire de 2021. Le marché reste porteur et même plus intense qu'avant la crise. Sur l'e-commerce, le télétravail, les loisirs, de nouvelles habitudes de consommation digitale ont été prises qui vont intensifier les efforts de transformation numérique sur la durée. Toutes les entreprises sont désormais sur le pont pour accélérer la digitalisation.

"On observe une dislocation de l'organisation du travail telle qu'elle existait auparavant, qui nous oblige à nous adapter"

Nos principaux enjeux : la guerre des talents avec une inflation forte des salaires. Mais aussi de plus en plus de consultants qui peuvent travailler à distance. Ce qui efface les problématiques de transport et les contraintes horaires. On observe une dislocation de l'organisation du travail telle qu'elle existait auparavant, qui nous oblige à nous adapter. Et ce, à la demande de collaborateurs comme de clients.

Vous souhaitez embaucher 1 500 nouveaux collaborateurs cette année. Comment comptez-vous y parvenir dans un contexte des plus tendus sur le marché de l'emploi IT ?

C'est effectivement ambitieux. Mais n'oublions pas que nous recrutons beaucoup de juniors que nous formons. Nous recrutons aussi partout en Europe. En même temps, nous souhaitons nous positionner comme une ESN premium. On recherche par conséquent à embaucher les meilleurs. Et qui dit recruter les meilleurs collaborateurs, dit verser les meilleurs salaires, et dit aussi de facto facturer les clients plus chers.

Vous avez choisi d'investir sur six dimensions stratégiques : le multicloud, la cybersécurité, la data et l'IA, l'hyper-automation et la sustainability (ou développement durable)...

Toutes sont en accélération très forte. Nous allons néanmoins accroitre nos investissements sur la sustainability. C'est un domaine qui est encore balbutiant dans le numérique. Pour l'heure, les clients se concentrent à court terme sur la réduction de leur empreinte carbone liée à leur cœur de métier et pas encore dans l'IT. Etant sous pression sur le sujet, nos partenaires stratégiques commencent à mettre l'accent sur le sujet. Ce qui devrait, avec la prise de conscience des clients, débloquer ce marché en 2022.

Aux côtés de la sustainability, vous avez également ajouté l'hyper-automatisation à vos axes de développement stratégiques. Pourquoi ce choix ?

L'automation devient une problématique de productivité clé pour nos clients. Nos cinq partenaires stratégiques développent des offres sur ce terrain. C'est le cas de Microsoft ou encore ServiceNow par exemple. C'est un domaine sur lequel nous signons aussi des partenaires locaux. Par exemple nous avons conclu un accord avec Blue Prims dans le robotic process automation ou encore avec OutSystems dans le développement no code.

Comment se dessine votre stratégie de croissance externe pour 2022 ?

Elle va rester identique. Avec une croissance organique se situant entre 10% et 15%, notre objectif n'est pas d'acquérir des parts de marché. Mais plutôt des expertises là où elles nous manquent sur telle ou telle géographie européenne. Nos cibles restent en priorité des acteurs de taille moyenne avec des savoir-faire dans la cybersécurité, la data, ou dans les technologies de nos partenaires stratégiques.

Stanislas de Bentzmann est diplômé de l'INSEEC et titulaire d'un BA en marketing de l'Université de San José (Silicon Valley). Il a rejoint le groupe Randstad comme directeur régional, avant de piloter l'intégration d'une société nouvellement acquise. En 1995, il crée Devoteam avec Godefroy de Bentzmann. Il est aujourd'hui co-président du directoire de Devoteam.