Quand l'open source devient une illusion
L'open source n'est plus toujours ce qu'il prétend être. Il devient parfois un simple argument marketing, une vitrine flatteuse derrière laquelle se cache une logique purement commerciale.
Pendant longtemps, l'open source a été le symbole d'un web libre, collaboratif et ouvert. Un modèle dans lequel des communautés de développeurs, d’ingénieurs et de passionnés créaient ensemble des outils puissants, partagés en accès libre, sans contrepartie commerciale immédiate. L’idée ? Accélérer le progrès technique, démocratiser l’accès à la technologie, et favoriser l’innovation collective.
Mais aujourd’hui, cette promesse vacille. L’open source n’est plus toujours ce qu’il prétend être. Il devient parfois un simple argument marketing, une vitrine flatteuse derrière laquelle se cache une logique purement commerciale. On parle alors de faux open source. Et il est urgent d’ouvrir les yeux.
Le “faux open source”, nouvelle norme déguisée
Dans ce modèle hybride, des entreprises publient une version théoriquement gratuite de leur produit, tout en la bridant volontairement : nombre d’utilisateurs limité, fonctions stratégiques absentes, intégrations manquantes… À l’arrivée, 80% des utilisateurs sont contraints de passer à une version payante pour pouvoir réellement exploiter l’outil dans un cadre professionnel.
L’illusion est parfaite : l’accès au code est “ouvert”, mais l’expérience est verrouillée. L’utilisateur est séduit par la promesse d’un produit libre, avant d’être dirigé vers un tunnel d’upsell.
Des conditions commerciales camouflées
La stratégie va plus loin. Selon une étude menée par Red Hat, 69% des entreprises utilisent au moins un outil open source dans leur stack technique. Pourtant, une grande partie de ces solutions se présentent comme “open” tout en maintenant des zones opaques : mises à jour réservées aux abonnés, documentation partielle, version dégradée présentée comme produit “freemium”…
Ce n’est plus une contribution au bien commun, c’est un teaser soigneusement scénarisé. L’open source devient un outil d’acquisition, un levier d’image, mais plus un engagement réel.
Pourquoi cette dérive ? Parce que l’open source est devenu une marque. Il incarne l’agilité, l’indépendance, l’éthique. Et dans un écosystème où les entreprises sont 77 % à déclarer préférer une solution open source pour éviter l’enfermement propriétaire (source : The Linux Foundation), afficher un vernis “open” permet de gagner en crédibilité. Quitte à ne pas respecter les règles du jeu.
L’open source ne se résume pas à une licence
Le vrai open source, ce n’est pas seulement un dépôt GitHub ou un accès au code. C’est un esprit : celui du partage, de la transparence, de la confiance dans l’intelligence collective. Lorsque ce principe est instrumentalisé pour faire de la croissance déguisée, on ne parle plus de logiciel libre, mais de marketing déguisé.
Il est temps de faire le tri entre les projets qui contribuent réellement à un écosystème technologique ouvert, et ceux qui s’en servent uniquement pour masquer une logique d’enfermement commercial. L’open source n’a de valeur que s’il reste fidèle à ses fondamentaux. Sans cela, ce n’est plus un modèle alternatif : c’est une illusion bien ficelée.