L'arrivée des retailers dans l'e-commerce suscite le débat Ce que les retailers vont changer

Pour François Momboisse, président de la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance), la tendance de fond du secteur de la vente en ligne est l'arrivée des acteurs de la distribution traditionnelle. "Finies les expérimentations de sites marchands sous d'autres noms que le leur. Comme Carrefour aujourd'hui, les retailers commencent à vendre en ligne sous leur propre marque." Preuve que ceux-ci passent enfin aux choses sérieuses... François Momboisse rappelle en outre qu'est annoncée pour la rentrée prochaine l'arrivée de Zara sur le Web marchand français : "Ils vont faire un malheur", assure-t-il.

jean-christophe hermann (carrefour) et françois momboisse (fevad)
Jean-Christophe Hermann (Carrefour) et François Momboisse (Fevad) © JDN

Jean-Christophe Hermann, vice-président online et multicanal de Carrefour, pense également qu'une page va se tourner. "Aujourd'hui, l'e-commerce se compose de beaucoup de pure players, souvent sur un modèle de discount, dont la rentabilité est difficile. Jusqu'ici nous étions effectivement peu présents. Mais une deuxième révolution va avoir lieu." D'autant que le géant de la grande distribution n'a pas pour intention de se prendre pour un pure player. "Notre stratégie aujourd'hui consiste à utiliser Internet pour amener le client dans nos points de vente. Des études montrent qu'il veut le produit tout de suite et sans frais de port. Dans ces circonstances, le réseau très capillaire qui fait notre force nous fait réfléchir. Notre modèle économique sera toujours plus performant si l'expérience d'achat se termine en magasin."

Les frais de livraison sont-ils le point faible des pure players ? "Avec son programme Prime (Premium en France, ndlr), Amazon donne l'impression que les frais de port ne coûtent rien, partout dans le monde, regrette Ulric Jérome, directeur exécutif de Pixmania. Notre angle d'attaque est de dire que si nous ne facturons pas les frais de livraison, le client ne se rend pas compte du service. Donc nous les facturons. D'autre part, le client compare toujours les prix en incluant les frais de port." Pas de risque dès lors de se faire doubler par un concurrent qui ne serait moins cher que sans la livraison. Chez MyFab, Stéphane Setbon estime même douteuse la pratique de la livraison offerte : "Nous ne cachons ni ne subventionnons jamais le coût du transporteur".