Scribd veut appliquer le succès d'iTunes à l'e-book


Le site de partage de textes Scribd ouvre une partie payante et permet désormais le téléchargement de chapitres de livres, plutôt que des ouvrages entiers.

Scribd, le plus grand site communautaire de partage de textes au monde, a ouvert le 18 mai en version bêta une boutique en ligne baptisée Scribd Store. Première dans son genre, elle se conçoit comme une place de marché où les éditeurs, les auteurs et les étudiants peuvent vendre leurs écrits à un lectorat de 60 millions de visiteurs uniques par mois. Les ayant-droits géreront eux-mêmes la protection des œuvres au moyen de DRM. Une façon aussi pour Scribd de se dédouaner face aux accusations de piratage.

De plus, de la même façon qu'iTunes vend des titres plutôt que des albums, Scribd.com propose désormais aux internautes de ne consulter ou de ne télécharger que certains chapitres des livres qui les intéressent, par exemple de guides pratiques ou touristiques. A l'instar de ceux de Lonely Planet, qui seront commercialisés à partir de 2,50 dollars.

La politique de prix du service se révèle d'ailleurs toute aussi flexible que les possibilités de téléchargement. En librairie, les livres publiés avec une couverture souple valent généralement 10 à 15 dollars et ceux à couverture rigide 25 à 30 dollars. Pour ce qui concerne les ouvrages numériques, aucune règle n'existe. Scribd a donc décidé que les prix des livres commercialisés sur son site seraient fixés par les éditeurs et les auteurs eux-mêmes, la plate-forme n'en prélevant que 20 %, soit une commission très basse au regard des pratiques en vigueur dans le livre électronique. Le prix minimum d'un chapitre est fixé à un dollar.

Kemble Scott, auteur à succès californien, vient ainsi de publier son deuxième roman sur Scribd, de façon à profiter de son immédiateté : ses références à la grippe porcine ou à l'éphémère star de YouTube Susan Boyle auraient paru très datées si elles avaient dû attendre une publication papier. Comme beaucoup d'autres ouvrages sur la plate-forme, le sien est commercialisé 2 dollars, un prix d'achat d'impulsion, selon lui adapté aux lecteurs qui se lancent dans cette nouvelle expérience. En touchant 80 % de 2 dollars, il perçoit donc davantage par exemplaire vendu que pour son premier roman, pour lequel il recevait 7,5 % des 15 dollars du prix affiché. Reste à savoir si le volume de ses ventes sera aussi important qu'en librairie.

Pour le co-fondateur et PDG de Scribd, Trip Adler, la réponse est assurée par le très large lectorat de la plate-forme. Jusqu'ici, Scribd était financé par la publicité et l'accès aux documents était gratuit. Mais comme les autres acteurs du livre électronique que sont Google, Amazon, Sony ou encore O'Reilly Media (qui vient de mettre tout son catalogue sur Scribd), le site mise sur le rôle croissant de la distribution numérique dans la transformation du business model du secteur de l'édition.

Scribd, qui ne cache pas sa volonté de concurrencer le Kindle d'Amazon mais aussi Google Book Search, prévoit enfin de développer une application destinée à l'iPhone et à l'iPod Touch, qui permettrait d'acheter et de lire des livres électroniques depuis la boutique en ligne. (Lire aussi Amazon lance une version de Kindle sur iPhone, du 04/03/2009.)