Le marché de la beauté doit se digitaliser pour se pérenniser

Représentant le deuxième secteur de l’artisanat en France, la coiffure génère un chiffre d’affaires annuel tutoyant les 6 milliards d’euros. Comptant pas moins de 85 700 établissements sur l’ensemble du territoire et près de 180 000 actifs, le secteur est surtout marqué par une présence forte des indépendants. Ces derniers totalisent 90% du nombre de ses établissements.

Formant près de 28 000 jeunes chaque année, le secteur de la coiffure se veut par ailleurs un gisement d’emplois non négligeable. Mais, depuis plusieurs années, l’apparition de nouvelles formes de travail, notamment à domicile, perçues comme une concurrence difficile à soutenir pour nombre de professionnels installés, dont les charges représentent un fort poste de dépenses, tout comme les évolutions technologiques figurent au premier rang de leurs préoccupations. Pourtant, la digitalisation du marché, actuellement en cours, porte en elle un potentiel de mutation, vecteur de bénéfices réels pour les salons et instituts, et ce au soutien tant de leur structuration que de leur rentabilité.

Un secteur dynamique, mais inquiet  

Plus de 60% des actifs du secteur sont salariés, sans compter les contrats d’apprentissage et de professionnalisation, leviers essentiels de formation et d’emploi. En effet, plus de 45% des salons installés dans tout l’hexagone sont employeurs (2,86 salariés en moyenne). Malgré tout, le secteur a constaté une véritable mutation entrepreneuriale, avant que technologique, ces dernières années avec une augmentation significative du nombre de microentreprises qui représentent actuellement 25,6% des établissements. Un chiffre avant tout symptomatique d’une augmentation du travail à domicile multiplié par 2 entre 2000 et 2007, puis à nouveau par 2 entre 2008 et 2018. Cette nouvelle forme d’exercice de l’activité, tout comme « la concurrence déloyale » spontanément citée par les professionnels du secteur, constituent une inquiétude réelle. Et pour cause, associée à l’évolution des charges patronales qui atteignent le demi-milliard d’euros, cette transformation du métier leur fait craindre, légitimement, un risque pour la rentabilité de leur établissement. Pourtant, et comme pour tous les autres secteurs avant lui, la digitalisation offre des perspectives de croissance comme de pérennité pour ces professionnels, en mesure d’apaiser quelques-unes de leurs préoccupation, si tant est qu’ils soient disposés à les accueillir et les intégrer durablement à leur gestion quotidienne.

Le numérique comme ultime levier de croissance

Le retard de digitalisation du secteur de la coiffure est assez colossal. En effet, on estime que près de 80% des coiffeurs utilisent aujourd’hui encore l’agenda papier, seuls 63% disposent de matériel informatique, et moins d’1/3 d’un site internet… En cause ? Un défaut de maîtrise des outils comme de lisibilité quant à leurs bénéfices tangibles au quotidien. Et pourtant, leur potentiel est de taille, au-delà de la gestion de caisse déjà fortement plébiscitée, pour ces petites structures qui ont un regard plus fortement porté sur la rentabilité que d’autres secteurs. D’abord, un véritable gain de productivité. Ces gains résident essentiellement, pour des prestations dont la qualité implique un temps incompressible, dans la gestion et l’optimisation de toutes les actions l’encadrant : de la prise de RDV à l’encaissement. En ce sens, la dématérialisation du RDV, en ligne, 24/24 représente un gain considérable, de l’ordre de 3 à 5 min par prestation ! A l’échelle d’un salon, le bénéfice ne peut être ignoré. Ensuite, comme pour tous les secteurs, le numérique implique la donnée et son analyse. En disposant d’une vision statistique de la marche de son salon, le professionnel est en mesure d’en comprendre la performance en temps réel, et de repenser, si nécessaire, le pilotage de l’équipe et de son activité. Enfin, le numérique c’est aussi et surtout un levier d’acquisition client, en témoigne le secteur médical, dont les plateformes leaders font partie des pionniers du sujet et rassemblent pas moins de 62% des RDV sur la seule région Ile-de-France. 

A l’heure où le RDV en ligne, en continu et en temps réel, s’est démocratisé si ce n’est institutionnalisé sur tous les autres marchés, la coiffure doit donc elle aussi se saisir des outils numériques et du potentiel de croissance qu’ils offrent. En jeu ? la disparition totale des frictions autour de leur métier, au bénéfice de la seule subsistance de la passion de l’exercer.