Loi AGEC : Cessons la cohabitation avec le gaspillage !

A l'approche de la mise en application d'un nouveau volet de la Loi Agec en 2022 (Loi anti-gaspillage), le sujet de l'économie circulaire est plus que jamais au cœur des débats. C'est véritablement en 2016, avec la mise en place de la loi Garot, que la prise de conscience du gaspillage alimentaire en France a été mise au centre des débats. Cette loi, unique au monde, a été un catalyseur de mise en mouvement des acteurs de la chaîne alimentaire pour lutter contre le gaspillage.

En quelques années, les acteurs de l’alimentaire ont gagné en maturité : de la prise de conscience, ils sont aujourd’hui engagés dans l’action pour lutter le plus efficacement possible contre ce fléau. En France, 10 millions de tonnes de denrées alimentaires sont jetées par an [1]! Si la crise sanitaire a eu de lourdes conséquences sociales, celles-ci témoignent plus que jamais de la nécessité de continuer à développer les actions anti-gaspillage dans les entreprises. En effet, côté alimentaire, la pandémie a exacerbé les inégalités et généré une hausse des besoins pour de nouveaux publics comme pour les plus anciens. Le volume des denrées alimentaires distribuées par les associations a ainsi augmenté de 10,6% en 2020 par rapport à 2019 [2].

Loi AGEC : un nouveau pas vers une économie circulaire

Loin d’être gagnée, la lutte contre le gaspillage alimentaire est un combat quotidien dans les entreprises. L’enjeu est aujourd’hui au maintien de la mobilisation de tout acteur. Mais une certitude : avec l’arrivée de loi AGEC début 2020, la dynamique est là, celle-ci visant à transformer profondément notre économie, vers une économie circulaire, inclusive et durable. Elle entend en effet accélérer le changement de modèle de production et de consommation afin de limiter les déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat.  

Moins bien identifié, le gaspillage non-alimentaire reste une problématique dont les acteurs du secteur doivent se saisir et prioriser. Les freins sont encore nombreux : manque de connaissance et de temps sur le sujet, process internes pas ou peu compatibles avec la réalité du quotidien. 630 millions d'euros de marchandises non-alimentaires, neuves ou invendues, sont détruites ou jetées chaque année [3] ! Pour ce dernier, cela revient à jeter l'équivalent de 12 % des chaussures neuves achetées par les Français chaque année ! C'est un non-sens.

Vers une meilleure valorisation du gaspillage non-alimentaire

La pandémie a en effet impacté de nombreuses entreprises du non-alimentaire, qui ont vu leur niveau de stocks bondir. Et ce, alors même qu'à partir du 1er janvier 2022, les entreprises du textile, jouet, cosmétique ou hygiène ne pourront plus détruire leurs invendus ; comme le précise la Loi Agec[4].

Si les entreprises de l'alimentaire ont déjà pour beaucoup intégré ces principes dans leurs objectifs RSE, le sujet est plus récent pour les entreprises du non-alimentaire. Les volontés sont bien présentes mais pour autant agir en faveur de l'économie circulaire ne se fait pas en un seul claquement de doigts. 

D'où l'importance d'accompagner les entreprises dans leurs changements de modèle qui demandent beaucoup d'adaptations internes (process, mentalité, valeurs) et de remises en question. 

Les bénéfices finaux sont multiples pour les entreprises :

  • économique grâce à la réduction d'impôt appliquée sur les dons 
  •  environnemental en améliorant leur impact et en jetant moins ;
  • social en distribuant leurs invendus aux associations locales.

L’heure n’est plus au débat, mais à l’action ! Nous n’avons plus d’autres choix que de tourner les  modèles de société vers l'efficience et la sobriété.  Le tout dernier rapport du GIEC tire l'alerte maximale : 100% du réchauffement climatique est dû aux activités humaines. Selon le Drawdown project, la lutte contre le gaspillage fait partie des 3 priorités absolues à mener à l‘échelle mondiale pour y remédier. C’est une course contre la montre qui se joue. Si jusqu’à présent nous avons accepté de cohabiter avec le gaspillage, il n’est plus possible de s’en satisfaire: il devient essentiel de refuser cette incohérence.

1 Ademe - Réduire le gaspillage alimentaire - mis à jour le 05/11/2020

2 Insee - Aide alimentaire : une hausse prononcée des volumes distribués par les associations en 2020 - juillet 2021

3 Ademe - Etude Gaspillage non alimentaire - Mieux connaître les invendus alimentaires pour mieux les gérer - 2014

4Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire