La réparabilité c'est bien, la durabilité c'est mieux

L'indice de durabilité est plus éclairant pour les consommateurs que l'indice de réparabilité.

Les vendeurs d’électroménagers doivent aller plus loin que l’affichage d’un indice de réparabilité pour éclairer les consommateurs dans leur choix d’un équipement durable. Promouvoir la durabilité est plus vertueux et participe davantage à l’allongement de la durée de vie des produits. 

Depuis janvier 2021, le gouvernement déploie un indice de réparabilité, une des mesures phares de la loi anti-gaspillage qui vise à prolonger la durée de vie des produits. En affichant une note sur 10, cet indice informe les consommateurs sur le caractère plus ou moins réparable des produits qu’ils s'apprêtent à acheter.

Les critères principaux pris en compte dans l’élaboration de cet indice sont : la démontabilité du produit, la disponibilité à la documentation permettant l’entretien et la réparation et la disponibilité des pièces.

Le gouvernement prévoit d’aller plus loin puisque la création d’un indice de durabilité est en cours d’élaboration et devrait voir le jour début 2024.

Si cela représente une avancée importante pour l’industrie de l'électroménager, la possibilité de réparer un produit facilement étant un premier pas nécessaire, commercialiser des produits qui ont un faible risque de tomber en panne reste la démarche à privilégier à long terme si l’objectif est de réduire l’empreinte carbone de l’électroménager.

Promouvoir la durabilité allonge la durée de vie des produits

En France chaque année, 23 millions de produits sont jetés alors qu’ils pourraient être réparés, selon l’ADEME.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette réticence des consommateurs à opter pour la réparation ; la crainte liée au coût, les délais pour trouver un réparateur qui puisse intervenir ou encore la disponibilité et le coût des pièces. La solution de facilité face à une panne est donc encore trop souvent de racheter un équipement neuf. Pourtant, cette option n’est bonne ni pour le portefeuille des consommateurs, ni pour la planète. En effet, 71% de l’impact carbone que va générer un appareil électroménager est lié à sa conception et sa distribution.

Face à ce constat, il est nécessaire de produire moins, mais surtout de rendre les biens d’équipement plus durables. La logique de la durabilité est de traiter la cause du problème et non pas la conséquence, en éliminant au maximum les sources de pannes dès la conception des produits. Or, plus de 40% des pannes sont liées à un mauvais entretien des produits. Une des manières d’augmenter la durée de vie de nos équipements est donc non seulement de choisir des produits conçus pour durer, c’est la responsabilité des fabricants et distributeurs, mais aussi de les entretenir de manière adaptée. C’est la responsabilité des consommateurs.

Comment produire un indice de durabilité fiable

82% des consommateurs affirment qu’il est difficile de trouver de l’information sur la durabilité d’un produit d'après la Commission Européenne, 2018. Au-delà des mesures législatives, les vendeurs peuvent aussi prendre des initiatives pour éclairer davantage les consommateurs dans leur choix.

Leur connaissance des produits vendus et de leur usage font d'eux les mieux placés pour produire un indice qui tient compte des spécificités de chaque produit vendu.  En effet, la durabilité doit tenir compte de la catégorie de produits concerné. Par exemple, sur de l'électroménager, l'usage d’un four ou d’un frigo et celui d’un lave-linge ne seront jamais identiques. Pour être le plus fiable possible, l’indice doit aussi être multicritères, on regardera par exemple les taux de panne ou encore la disponibilité des pièces. Les vendeurs ont également l’avantage de disposer d’un certain nombre de données : l’historique des retours clients et le taux de panne observé chez les produits vendus.

La fiabilité de cet indice réside alors dans le fait qu’il se base sur des retours d’expérience d'utilisateurs et de professionnels et pas uniquement sur des éléments déclaratifs des constructeurs.

Au-delà de l’information mise à disposition par les vendeurs, la durabilité d’un produit doit être vue de manière globale et repose sur une relation tripartite entre le fabricant, le revendeur et le client. La responsabilité du fabricant est de concevoir un produit fait pour durer, ce qui implique notamment de choisir des composantes durables et de mettre à disposition des consommateurs la documentation autour de l’entretien. Celle du vendeur d’informer et de conseiller les clients ainsi que leur apporter un service après-vente qui leur permette de réparer les produits au besoin. Et enfin une part de la responsabilité de la durée de vie du produit incombe aux consommateurs dans l’usage et l’entretien du produit.

C’est l’implication et la volonté de ces trois parties à faire durer les produits qui permettra de limiter durablement l’impact carbone de l’électroménager et plus généralement des biens d’équipement.