Agriculture et croissance durable : comment le digital permet de construire une économie régénératrice

Traçabilité alimentaire, amélioration des procédés industriels, durabilité et prévision des aléas climatiques : autant d'enjeux pour lesquels le digital, et plus précisément la data, s'avèrent clé.

Si 71 % des Français ont une très bonne opinion de l’agriculture (contre 59 % en 2015), une majorité affiche une méconnaissance des réalités du terrain. Bien souvent des raccourcis sont pris et nuisent à l’image des agriculteurs, premiers acteurs de notre alimentation. Aujourd’hui le consommateur et les pouvoirs publics exigent des preuves concrètes sur les bénéfices apportés par le changement des pratiques culturales qui se doivent plus respectueuses du sol et de la biodiversité. Traçabilité alimentaire, amélioration des procédés agro industriels, durabilité et  prévision des aléas climatiques: autant d'enjeux pour lesquels le digital, et plus précisément la data, s'avèrent clé. L'agriculture se modernise depuis déjà quelques décennies, et chaque jour de nouveaux projets innovants voient le jour pour apporter des réponses.

Les intérêts majeurs du digital pour les agriculteurs

Il n’y a plus à en douter aujourd’hui, la digitalisation est compatible avec l’univers agricole. On peut toutefois se demander si l’investissement est rentable ? La réponse est oui. S’intégrant sans remettre en question les fondamentaux du métier, il permet aux agriculteurs d’adopter des pratiques plus responsables via la modélisation agronomique et l’intelligence artificielle, et de respecter les grands principes imposés par la COP 27 autour de l’impact carbone neutre, du respect des ressources en eau et de la biodiversité. Clé de voûte d’une réconciliation nécessaire entre agriculteurs et consommateurs, le digital permet aussi de basculer d’un marketing de moyens ("je réponds à tel cahier des charges pour obtenir des certifications ou labels qualité") vers un marketing de la preuve, grâce à des outils de traçabilité ainsi que la fiabilité, la sécurité et la transparence des informations que la blockchain offre.

Par les données collectées, le digital aide à démontrer que les process ont été respectés, validés, que le produit a été cultivé dans le respect des contraintes réglementaires et de l’environnement. Mais surtout que les nouvelles techniques culturales fonctionnent, tout en améliorant les conditions de travail de nos agriculteurs et la qualité des productions. Il fait émerger le smart farming en rendant les machines agricoles plus intelligentes, favorise l’excellence opérationnelle et par là même, de meilleurs rendements à l’impact environnemental réduit. Cette approche répond ainsi à la problématique de produire plus mais mieux et réancre l’agriculteur dans sa fonction nourricière.

Les acteurs du monde agricole sont pragmatiques, proches de la terre mais aussi conscients que l’agriculture est un outil économique majeur qui doit répondre à un défi mondial majeur : comment nourrir 9 milliards de personnes en 2050 ? De ce fait, investir dans l’immatériel que représente le digital n’est pas une évidence. Il est donc nécessaire de bien expliquer pourquoi on apporte ce nouveau service et à quoi il va être utile. C’est au prix d’un effort de vulgarisation et d’apprentissage de tout un secteur que des investissements concrets peuvent être consentis et que des partenariats doivent être envisagés pour répondre à cet enjeu planétaire.

Le digital, pilier de la révolution agricole

Le digital amène à penser autrement le paysage agricole français. Des acteurs de la distribution agricole -coopératives et négoces- se mobilisent, apportent des solutions et des nouveaux services à leurs agriculteurs par la mutualisation de moyens, embauchent des experts du digital et forment aux nouvelles pratiques. En accompagnant les agriculteurs dans leur conduite du changement, ils permettent de résorber des fractures économiques et sociétales. Ils ont une responsabilité majeure dans l’évolution du modèle agricole qui doit se réinventer pour apporter toujours plus d’accompagnement et de services à leurs agriculteurs confrontés à la volatilité des cours et aux renforcements de la réglementation. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à investir dans le déploiement de plateformes e-business alias boucliers digitaux, qui vont contribuer à préserver la "Ferme France" des géants du web qui s’intéressent de plus en plus au secteur agricole et agroalimentaire, en répondant à des enjeux de souveraineté des données ou encore d’amélioration des marges.

Le digital est un atout pour l’agriculture et contribue à sa transformation. Si l’acculturation au digital exige à la fois de l’investissement et du temps pour convertir les mentalités de son intérêt, la connectivité des agriculteurs demeure néanmoins très bonne. La 3eme révolution agricole est certes lente mais elle est enclenchée.  Pour les plus réfractaires, rappelons bien que le digital ne remplacera jamais l’humain. Il s’agit bien de le considérer comme un levier complémentaire au développement de l’activité sur un mode éco-responsable, offrant la capacité d’être encore plus efficient et efficace.