Le ralentissement de l'export redessine le e-commerce chinois


Le géant Alibaba.com souffre du ralentissement de la demande de produits chinois, mais aussi de la concurrence accrue de challengers qui adoptent de nouveaux modèles économiques.

L'e-commerce chinois a longtemps été dominé par la plate-forme Alibaba.com, qui met en relation des millions d'exportateurs chinois avec des acheteurs basés à l'étranger. Toutefois, la société doit aujourd'hui faire face à la chute de la demande d'exportations de produits chinois. En raison de la crise économique, la croissance de cette demande n'a jamais été aussi basse depuis dix ans. Mais Alibaba est également confronté à une compétition accrue en Chine. Ses nouveaux concurrents espèrent qu'en adoptant une nouvelle approche, ils pourront sortir de la crise en faisant jeu égal avec le géant de l'e-commerce chinois.

"La crise économique a eu un impact très important sur le commerce international, qui auparavant n'impliquait que les gros exportateurs et importateurs", explique ainsi Dianne Wang, PDG de DHgate.com, dans "China Daily". Depuis 2004, cette plate-forme permet aux commerçants étrangers de commander de petites quantités de biens directement auprès d'exportateurs chinois, à la façon d'eBay. DHGate.com, qui au contraire d'Alibaba taxe les acheteurs et non les vendeurs, met en commun ces petites commandes et organise leur transport à un prix compétitif. Alors qu'Alibaba compte beaucoup de grosses sociétés parmi ses clients étrangers - Wal Mart, Procter&Gamble…-, ceux de DHgate.com sont plutôt des détaillants, voire des particuliers. Son volume d'affaires s'établissait l'an dernier à 145 millions d'euros et devrait être multiplié par huit en trois ans, estime Dianne Wang.

D'après l'institut de recherche chinois Analysys International, la croissance du BtoB en Chine a connu une chute drastique l'an dernier, passant de +15,65 % en 2007 à +6,58 %. D'où des bénéfices en baisse de 16 % au premier trimestre 2009 chez Alibaba, lorsque la plate-forme a diminué ses tarifs et accru ses dépenses marketing. "Les exportations chinoises ont subi des répercussions importantes de la crise, ce qui a eu un effet direct sur les sites BtoB", explique le cabinet. Ces sites ont donc dû réduire leurs charges et proposer de nouveaux services pour attirer des clients.

Accompagnant la détérioration de la demande étrangère de produits chinois, le e-commerce domestique se serait, lui, beaucoup développé. Raison pour laquelle le site marchand HC360.com se prépare à se lancer sur un nouveau créneau en proposant une plate-forme destinée aux sociétés chinoises traditionnellement exportatrices qui voudraient augmenter leurs ventes sur le marché domestique. Son chiffre d'affaires, de 33 millions d'euros l'an dernier, devrait croître d'au moins 15 % cette année. "La crise fournit des opportunités uniques pour les e-commerçants qui offrent aux entreprises une manière plus rentable de vendre leurs produits. Il existe donc un espace considérable en Chine pour voir émerger de nouveaux leaders du e-commerce", affirme son PDG Guo Jiang dans "China Daily".