Le cloisonnement des données, un mal nécessaire ?

Qu'ils soient choisis ou subis, les cloisonnements de données sont une réalité que les entreprises peuvent (et doivent) affronter avec agilité.

Il n’est pas une semaine sans qu’un client, ou un article de presse ne fustige le cloisonnement des données dans l’entreprise, un héritage honteux qui empêcherait les salariés de mener à bien leurs différentes missions, notamment celle de prendre les bonnes décisions avec les bonnes données. Le cloisonnement devient peu à peu la victime expiatoire, quand ce n’est pas l’excuse, de la procrastination. Mais il ne sert à rien d’attendre !

Le monde idéal n’existe pas

Comment en est-on arrivé là ? Deux types de cloisonnement sont à l’œuvre depuis les origines de l’informatique : un cloisonnement choisi et un cloisonnement subi.

Le cloisonnement choisi est la résultante de la recherche de confidentialité des données d'un utilisateur ou d'un groupe d'utilisateurs. Que les intentions de l’ordonnateur soient louables ou pas, que ce soit pour l’assurance d’une vraie confidentialité des données personnelles, ou le choix d’un département de garder jalousement celles-ci, c’est un sujet de gouvernance des données qui doit être pris comme tel.

Le cloisonnement subi est plus pernicieux, mais il est tout aussi nécessaire. Si nous avons tous rêvé du logiciel d’entreprise qui sait TOUT faire, de la gestion des stocks au site web, en passant par le CRM et la gestion du point de vente, ce logiciel magique n’existe pas ! Même les plus grandes suites logicielles ne couvrent qu’une partie du spectre dont l’entreprise a besoin. L’entreprise n’a d’autres choix, dans sa recherche de performance, que de sélectionner les meilleurs logiciels pour ses besoins. Chaque logiciel, pour rendre le service le plus avancé, va organiser les données sous une forme qui servira son efficacité. Dès lors, si on recherche l’excellence sur toutes les fonctions, il n’est pas anormal d’avoir des données, parfois redondantes, stockées dans plusieurs bases de données sous différentes formes. Peut-on faire autrement ? Non. Il est impossible d’imposer un stockage typé à un logiciel spécialisé. Même les projets de Data Platform ou de Customer Data Platform, qui visent à rassembler la donnée en un lieu, ne se substituent pas aux stockages natifs des différents progiciels.

Comment vivre avec des données cloisonnées ?

En conséquence des cloisonnements choisis et subis, l’entreprise n’aura d’autres possibilités que de faire avec. Et ce n’est pas impossible ! Mieux vaut embrasser cette complexité et développer son agilité que subir et se résigner. Deux initiatives sont nécessaires :

1. S’organiser pour limiter les cloisonnements entre départements à la stricte sécurité des données, quitte à imposer aux départements l’ouverture de leurs bases aux autres parties prenantes. La direction générale pourra par exemple mettre en place une direction data transverse dont le rôle sera de mettre en place des politiques et des procédures pour garantir le partage sécurisé des données et faciliter ainsi une utilisation responsable et transparente des données au sein de l’entreprise.

2. S’équiper de logiciels facilitant l’analyse, la prise de décision ou l’utilisation de données transversalement aux silos. Deux catégories de logiciels s’y prêtent et se complètent. D’une part les Data Platform qui permettent de rassembler un maximum de données en un point unique tout en maitrisant leur gouvernance, d’autres parts les Customer Data Platform qui orchestrent l’utilisation de la donnée client, par son enrichissement cross-source et la capacité à connecter des systèmes d’activation.

Et demain ?

Le cloisonnement a de bonnes raisons d’exister, et il persistera d’autant plus certainement que le nombre moyen de logiciels utilisés par entreprise continue d’augmenter. Heureusement, une bonne gouvernance des données associée aux bons outils permettra à toute entreprise d’utiliser ses données avec efficacité et agilité.