Thomas Baverel (Silkhom) "Tous les métiers de l'IoT sont en pénurie de candidats"

Pour le CEO du cabinet de recrutement dédié aux métiers de l'informatique et des objets connectés, les compétences dans l'IoT évoluent en permanence et conduisent à des synergies entre les disciplines.

Thomas Baverel, CEO de Silkhom. © Silkhom

JDN. Vous venez de publier votre baromètre des salaires 2019 qui souligne des difficultés à recruter des profils dans les métiers des objets connectés. Comment l'expliquez-vous ?

Thomas Baverel. Ces métiers sont en plein boom depuis trois ans et ce n'est pas prêt de s'arrêter avec les déploiements de projets IoT à grande échelle, la course à l'intelligence artificielle et l'essor de la robotique. Le big data a ouvert le champ des possibles. Dans le même temps, ces professions font face à une pénurie de main d'œuvre importante, avec un seul candidat disponible pour trois postes. On estime qu'environ 15 000 postes restent non pourvus dans le numérique et le nombre de diplômés est loin de suivre le nombre de postes à pourvoir. C'est un constat que l'on fait depuis plusieurs années et que l'on répète.

Les profils que les entreprises ont le plus de difficultés à trouver sont les ingénieurs hardware et les experts en computer vision et en traitement de signal, dont le travail consiste à retranscrire les images et le son en données exploitables. Selon les estimations de nos consultants, la difficulté à trouver ce dernier profil est de 90%. Ce sont des emplois qui existent depuis longtemps mais qui ont été délaissés car, avant l'IoT, les systèmes n'avaient pas besoin d'être évolutifs. Or aujourd'hui, le développement d'algorithmes spécifiques demande ces compétences pour rendre les robots encore plus intelligents.

Qu'est-ce qui caractérise ces métiers de l'IoT ?

Il n'y a pas à proprement parler de métiers de l'IoT. Cette technologie fait appel à une chaîne de professions complexe, qui comprend des développeurs, des ingénieurs, des architectes, etc. L'IoT, c'est en effet de l'électronique, de la mécanique, des protocoles de communication, de l'analyse de données. Mais l'ensemble de cette chaîne est en pénurie de profils. L'IoT ne crée par ailleurs pas de nouveau métier mais fait évoluer ceux existants. On observe de plus en plus de synergies. Par exemple, nous avons suivi un projet de création de drone sous-marin autonome dont le software s'inspire de la vision des poissons. Pour concrétiser ce projet, les ingénieurs ont dû travailler sur des notions de biologie.

Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui cherche à recruter ?

Il faut avoir conscience que recruter tous les profils nécessaires dans l'IoT ne fonctionnera pas. L'important n'est pas de raisonner en terme de compétences techniques mais de flexibilité. L'essentiel est ainsi d'intégrer dans son équipe une personne pour ses soft skills, ses qualités humaines, et de la former en continue car les technologies IoT évoluent beaucoup. Nous observons actuellement un mouvement en faveur de l'embauche de freelance dans l'informatique embarqué. La sensibilisation à ces métiers doit être renforcée car ils sont passionnants, ils mêlent au quotidien informatique, mathématique, science, réseau…

Thomas Baverel travaille depuis près de 15 ans dans le monde du recrutement informatique. En 2013, il fonde Silkhom à Lyon. Depuis sa création, le cabinet de recrutement travaille sur les métiers de l'informatique et fait partie des premiers en France à se spécialiser sur les objets connectés. Silkhom compte aujourd'hui près de 600 clients et réalise plus de 4 millions d'euros de chiffre d'affaires. L'entreprise fait partie des 220 sociétés à la plus forte croissance en Europe (selon le Financial Times).