Chez Decathlon, la crise sanitaire révèle le potentiel de l'impression 3D

Chez Decathlon, la crise sanitaire révèle le potentiel de l'impression 3D L'équipe ADD Lab du distributeur d'équipements de sport connaît une croissance continue depuis sa création il y a quatre ans et démontre ses atouts en interne depuis le confinement.

Pour l'équipe ADD Lab de Decathlon, l'activité ne faiblit pas depuis le premier confinement. Chargée du développement de l'impression 3D – ou fabrication additive - au sein de l'entreprise, l'équipe a notamment contribué en mars à la confection de visières pour faire face aux urgences de la demande. L'impression 3D a également servi à la production de pièces détachées, quand les fournisseurs étaient à l'arrêt. "La crise a changé le regard des collaborateurs sur l'impression 3D, ils se sont rendus compte qu'on pouvait les aider pour leurs besoins quotidiens concernant de petites séries", observe Julien Guillen, responsable de la fabrication additive chez Decathlon.

Au déconfinement, l'équipe ADD Lab a fait face à un pic de demandes : d'une part pour des pièces liées à la mobilité urbaine, d'autre part avec l'ouverture du magasin DX à Villeneuve d'Ascq, près de Lille, qui propose des chaussures de sport et des démonstration d'impression 3D. "Nous voulions un magasin différenciant qui rende visible des activités invisibles. Les clients sont surpris de voir l'envers du décor et que l'on est aussi concepteur de nos produits", indique Julien Guillen. Avec le reconfinement, l'équipe est prête à se remobiliser pour répondre aux demandes.

Car pour le responsable de la fabrication additive, les avantages de l'impression 3D sont indéniables. "Déjà, cette technologie permet d'augmenter la durée de vie de nos équipements puisque l'on peut tout réparer avec des pièces réalisées sur-mesure." L'impression 3D se révèle selon lui particulièrement pertinente pour les demandes en SAV, où les besoins se comptent à l'unité. Julien Guillen met également en avant le fait que le montant des pièces est réduit si une modélisation 3D de celles-ci est déjà enregistrée. "Même si cela coûte plusieurs dizaines de milliers d'euros par mois de location de machines et d'achat de matières, cela nous offre des gains de temps, de développement produit, de poids de stock associé puisque l'on a un fichier numérique plutôt que des pièces dans un entrepôt, mais surtout une plus grande satisfaction client par la seconde vie des produits", énumère-t-il.

1 200 projets par mois gérés en prototypage

L'impression 3D connaît une nette évolution chez Decathlon. De trois personnes à sa création en mai 2016, l'ADD Lab compte désormais douze employés. "Nous sommes passés en quatre ans de 200 à 1 200 projets par mois gérés en interne en prototypage", indique Julien Guillen. Au total, plus de 100 700 projets ont été réalisés. La pièce imprimée la plus emblématique est le poteau des tables de ping pong, vendue toutes les semaines chez Decathlon. L'impression 3D est aussi déployée dans les pôles régionaux pour des réparations liées à des sports spécifiques : les sports d'eau à Hendaye, l'escalade et l'alpinisme à Chamonix ou encore la chasse à Cestas. Plus de 400 employés utilisent la fabrication additive en interne et Julien Guillen a de grandes ambitions pour poursuivre cette croissance.

Le poteau des tables de ping pong est la pièce la plus demandée. © Decathlon

L'équipe vient d'acquérir une nouvelle machine d'impression fournie par HP pour utiliser trois matériaux en poudre différents, le polyamide 12, le thermoplastique polyuréthane (TPU) et le polypropylène (PP) dont les propriétés vont lui permettre d'imprimer des semelles, des gourdes ou des poignées de vélos par exemple. "L'essentiel est la répétabilité du processus industriel, pour garantir qu'une pièce soit imprimée avec la même qualité dans le temps, et que ses paramètres soient respectés sur d'autres machines d'autres ateliers", souligne Julien Guillen. Son équipe vise à trouver les bonnes matières selon les objets, et les bons paramètres associés pour ne pas entraver la pratique sportive. Des mesures sont par ailleurs effectuées avec de l'IoT pour accompagner les sportifs.

L'objectif de l'équipe avec sa nouvelle machine est de parvenir à une personnalisation des produits proposés par Decathlon, en fonction de la morphologie des clients, par exemple pour des bracelets ou des poignées de vélo, aujourd'hui en test. Selon le rapport Digital Manufacturing Trend de HP, résultat d'une enquête menée auprès de milliers de dirigeants d'entreprises industrielles à travers le monde, 92% des répondants souhaitent notamment explorer le potentiel d'innovation de l'impression 3D offert par la personnalisation de masse. A terme, l'équipe ADD aimerait aboutir à des méthodes pour pouvoir réaliser en impression 3D l'ensemble des pièces des produits disponibles dans le catalogue de la marque et pouvoir les suivre sur leur cycle de vie, de l'idéation à la fin de vie, du prototype au SAV et ne plus le traiter que par le prototypage rapide.