Pour démocratiser ses miroirs connectés, CareOS leur offre la voix
Plus de 69% des Français considèrent leur salle de bain comme un lieu de bien-être et de détente, selon une étude 2020 de l'institut de recherche allemand Explorare. "Entre les téléconsultations et le suivi des paramètres de santé, les Français passent plus de temps dans leur salle de bain. C'est là que vont se concentrer les prochains usages IoT du grand public. Or, c'est la seule pièce de la maison qui n'est pas encore bien connectée", estime Violaine Monmarché, cofondatrice et chief business officer de CareOS, la filiale du groupe français Baracoda qui produit chaque année deux millions d'objets connectés de santé et compte 60 millions d'utilisateurs dans le monde. Depuis sa création en 2017, CareOS développe une plateforme ouverte dans ses gammes de miroirs connectés pour centraliser les données des objets connectés de beauté, de bien-être et de soins des utilisateurs afin de leur éviter d'avoir différentes applications. Depuis leur miroir, les utilisateurs peuvent ainsi suivre leur poids ou avoir des recommandations de beauté en fonction de leur peau.
Pour renforcer l'expérience connectée des utilisateurs et optimiser le temps passé dans la salle de bain, CareOS mise désormais sur la voix. La commande vocale se révèle indispensable pour "avoir les mains libres dans un environnement humide" et s'intégrer dans les usages. Pour preuve, ce sont les assistants vocaux qui ont démocratisé les usages de la maison connectée. Pour intégrer la voix à sa gamme de miroirs connectés, CareOS s'est associée en décembre 2020 au français Vivoka, éditeur de logiciels spécialisé dans la technologie vocale .
Les deux équipes ont avant tout échangé sur le résultat à obtenir. "Il y a encore trop d'entreprises qui ne définissent pas ce qu'elles veulent et qui nous demandent tout type de commandes vocales en 70 langues, cela ne peut que mener à un échec du projet", souligne Florian Guichon, COO de Vivoka, qui conseille à ses clients fabricants d'IoT de ne pas multiplier les commandes mais de privilégier les plus simples. Dans le cas de CareOS, l'objectif était d'intégrer dans les gammes de produits la commande vocale en automatic speech recognition et non en free-to-speech pour pouvoir demander au miroir de modifier la température de la pièce ou d'allumer les lumières. Concrètement, le miroir répond à un ordre précis défini plutôt que d'écouter l'ensemble des conversations pour y déceler une question.
"La salle de bain est un endroit intime, on a besoin de s'y sentir en confiance"
Vivoka a proposé à CareOS son offre VDK, acronyme de voice development kit, qui comprend un kit logiciel (SDK) et une interface graphique permettant à l'entreprise de développer elle-même sur une console les commandes vocales de la façon souhaitée. Le socle de l'offre, commercialisée sous la forme d'une licence à vie par device, revient à quelques milliers d'euros pour les clients, le montant exact varie ensuite en fonction des besoins. "Une fois la brique logicielle développée avec nos propres commandes vocales, nos ingénieurs l'ont intégrée dans le code de notre software, lui-même mis sur la carte-mère des produits. Nous pouvons ensuite effectuer à distance des mises à jour ou ajouter de nouvelles commandes dans le parc de miroirs équipés", détaille Violaine Monmarché. Un prototype a été réalisé en un mois en vue d'équiper la nouvelle gamme de miroirs Themis, la première à inclure la commande vocale. Caractérisée par son format tablette, elle a pu être présentée au CES 2021.
La priorité pour l'entreprise était d'assurer un fonctionnement en local de la commande vocale pour garantir la sécurité de des données. "La salle de bain est un endroit intime, on a besoin de s'y sentir en confiance", rappelle Violaine Monmarché. CareOS rejetait toute possibilité que les conversations puissent être partagées dans le cloud en cas de piratage, comme cela a pu être le cas pour certains assistants vocaux.
Avec l'intégration de la commande vocale, CareOS cible le marché international. "Un des avantages de Vivoka est de pouvoir réaliser des commandes vocales dans de nombreuses langues", indique Violaine Monmarché. L'assistant vocal développé avec le VDK peut en effet comprendre 37 langues et en parler 65. CareOS projette de commercialiser 100 000 pièces dans le monde en 2021, et d'accélérer les années suivantes.
En attendant la sortie du miroir Themis pour le grand public au second semestre à un tarif démarrant à 399 dollars, des produits sont déjà proposés aux clients BtoB dans le retail, notamment aux salons de coiffure. Ce projet a achevé de convaincre Violaine Monmarché de l'intérêt d'un business-modèle par abonnement, alors que les miroirs étaient jusqu'à présent vendus à l'unité. "Nous avions eu dès le départ l'idée d'une offre de services évolutive. Il est nécessaire d'orienter désormais notre business-plan en ce sens", confie-t-elle. L'entreprise de 11 personnes (le groupe Baracoda en compte plus de 150) est en recrutement pour faire grossir ses effectifs à 15 personnes et préparer le lancement de Themis. La prochaine étape pour CareOS : "Le développement de nouveaux services IoT sur le bien-être psychologique, avec par exemple des exercices de relaxation, une thématique qui va prendre de l'ampleur après-crise."