Stratégies de croissance : l'innovation technique ne doit pas négliger l'innovation business !

Au-delà de l'innovation technologique, le potentiel de l'industrie du futur réside avant tout dans les nouveaux modèles économiques qu'elle permet de développer pour s'adapter aux évolutions du monde.

Pour de nombreuses entreprises industrielles, l’usine du futur et l’industrie 4.0 apparaissent comme des relais de croissance incontournables en cette période de reprise économique. Mais ces nouveaux paradigmes productifs sont trop souvent envisagés comme de simples innovations techniques. Pourtant, leur potentiel réside avant tout dans les nouveaux modèles économiques qu’ils permettent de développer.

L’industrie 4.0 s’inscrit dans une transition de long terme entre un modèle basé sur la propriété et un modèle basé sur l’usage. Les acteurs du secteur manufacturier développent ainsi des offres centrées sur la fourniture d’un service plutôt que sur la vente de produits. Des véhicules, des machines mais aussi des produits de consommation courante voient leur mode de distribution et de facturation profondément transformé.

Pour les usagers, ce modèle offre d’abord la garantie du service-versus la livraison d’un moyen : le service est assuré en toutes circonstances et, en cas d’interruption, il revient au fabricant de gérer sa réparation ou son remplacement selon des modalités fixées contractuellement. Sur le plan financier, c’est également l’assurance de contrôler le budget associé en minimisant les risques : le coût associé au service est connu par avance et fixé pour une durée précise. Au-delà de cette période, l’usager peut choisir de renouveler ou non son engagement. L’endettement est alors minimisé sans contrainte d’amortissement.

Des services personnalisés

L’industrie du futur est une industrie qui valorise les données et en tire parti pour développer de nouvelles propositions de valeur. En centralisant et en exploitant les données relatives aux produits, les industriels ont ainsi pu développer de nouveaux services innovants centrés sur les besoins de leurs clients. L’Internet des objets (IoT), associés aux solutions de PLM (product lifecycle management) offrent la possibilité de suivre en temps réel l’activité de chaque produit tout au long de sa durée de vie pour personnaliser le service offert à chaque usager. Qu’il soit vendu en tant que produit ou proposé en tant que service, l’objet suivi peut être accompagné de services permettant d’optimiser ses performances en fonction de l’usage qu’en a chaque client : entretien, customisation, maintenance prédictive, analyse des performances, conseil, etc.

Intégrer les principes de l’économie circulaire

Le suivi des données relatives aux produits tout au long de leur cycle de vie a d’autres vertus. Il permet également aux industriels de prendre en charge de nouveaux aspects de la production et notamment le recyclage, le reconditionnement, la revalorisation des matières premières ou encore le traitement des déchets. Autant de services inspirés des principes de l’économie circulaire et qui peuvent contribuer à créer de la valeur autrement tout en réduisant considérablement l’impact environnemental de l’industrie.

Des modèles économiques plus souples au service de la performance financière

Ces nouveaux modèles économiques présentent ainsi des avantages décisifs pour leurs usagers mais aussi d’un point de vue environnemental. Ce qui explique à la fois leur succès commercial et l’engouement qu’ils suscitent du point de vue de la RSE. Mais pour être viables, il est également nécessaire qu’ils soient synonymes de relais de croissance pour les industriels qui les mettent en place. Or, la personnalisation des produits et des services est également une opération particulièrement fructueuse commercialement. En diversifiant les revenus des entreprises, ils les rendent également moins dépendantes des cycles de la production et de la vente en créant une base récurrente de revenu. La servicialisation représente également pour eux l’assurance de pouvoir mesurer précisément et en temps réel les marges qu’ils réalisent sur chaque offre et de sélectionner sur la durée les approches les plus rentables. Plus souples, ces modes de commercialisation permettent de moduler facilement la proposition commerciale en fonction de l’évolution du marché pour optimiser la performance financière de l’entreprise.