Transition écologique : les clés pour une industrie à faible émission de GES

Les industriels sont confrontés à un défi majeur : réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et leur impact sur l'environnement sans perdre en productivité. Comment résoudre ce défi complexe ?

Début avril 2022, le Giec a publié le dernier volet de son sixième rapport sur les solutions à apporter à la crise climatique. Un texte qui sonne comme un cri d’alarme : pour le groupe d’experts climatiques, il ne reste que trois ans pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, faute de quoi il sera impossible de maintenir la hausse des températures sous la barre fatidique des 3°C, déclenchant une série de catastrophes aux conséquences dramatiques.

En tant que quatrième émetteur mondial de CO2 représentant 18% des émissions, le secteur industriel a un rôle déterminant à jouer pour prévenir ce scenario du pire. C’est notamment pourquoi l’Etat français a inscrit dans sa "stratégie nationale bas-carbone" l’objectif d’une baisse de 55% des émissions de gaz à effet de serre par les entreprises industrielles d’ici 2030 et de 81% avant 2050. Un horizon ambitieux qui demande l’implication de l’ensemble des acteurs du secteur mais aussi une bonne dose d’innovation technique. Voici les quatre éléments indispensables pour rendre l’industrie plus sobre et plus durable.

1.      Optimiser la consommation de ressources

Toutes les ressources consommées par une industrie ont un impact sur le bilan carbone total de ses activités productives. L’optimisation de leur consommation est donc un levier décisif de réduction des émissions. Cette réduction passe notamment par la conception de produits plus légers et plus efficients. Pour mener à bien cette tâche stratégique, les ingénieurs peuvent désormais s’appuyer sur des outils de CAO intégrant des fonctionnalités de design génératif. Celles-ci permettent notamment de piloter la conception d’un produit en fonction d’une contrainte spécifique et de générer automatiquement des scenarios de design alternatifs. Elles peuvent contribuer à réduire jusqu’à 80% la masse de composants mécaniques et à diminuer ainsi considérablement leur consommation d’énergies et de matières premières tout en améliorant leurs performances techniques.

2.      Améliorer l’efficacité énergétique des sites de production

Les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre imputées aux activités industrielles sont dus à leur consommation d’énergie. En plus d’être un levier de performance économique, l’amélioration de l’efficacité énergétique des sites de production est donc une étape critique de la transition écologique industrielle. Celle-ci passe notamment par le déploiement de solutions de suivi de la consommation reposant sur l’Internet des objets. Certaines solutions IoT permettent ainsi de connaître précisément l’évolution de la consommation de chaque dispositif afin d’identifier les dysfonctionnements entraînant une perte d’énergie.

3.      Minimiser les déplacements d’humains et de marchandises

Les transports représentent l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre pour l’économie en général et pour l’industrie en particulier. Comme l’a démontré la crise sanitaire, un nombre conséquent de métiers liés à l’industrie peuvent être effectués en télétravail à condition de disposer d’outils cloud optimisés pour la collaboration à distance. Il s’agit d’un premier levier permettant de réduire considérablement les déplacements humains. Mais les déplacements de marchandises peuvent eux aussi être considérablement diminués par le raccourcissement des chaines d’approvisionnement et leur optimisation algorithmique. Là encore, les leçons de la pandémie sont en voie d’être tirées par de nombreux industriels bien décidés à rendre leurs circuits d’approvisionnements plus sûrs et plus résilients en réduisant le nombre de kilomètres parcourus par chaque composant.

4.      Adopter les principes de l’économie circulaire

Le bilan carbone de l’industrie n’est pas seulement déterminé par les phases de conception, de production et de distribution mais concerne également l’usage des produits, leur entretien et la gestion de leur fin de vie. Il s’agit donc pour les industriels de suivre les produits et leurs composants tout au long de leur cycle de vie pour leur assurer une longévité maximale mais aussi permettre leur réusage ou leur recyclage. Grâce aux solutions PLM permettant de centraliser l’ensemble des informations relatives à chaque produit à chacune de ces étapes, le secteur manufacturier peut ainsi s’inspirer directement des principes de l’économie circulaire et réduire drastiquement le bilan carbone total de ses productions.

Chacun de ces quatre leviers de réduction des gaz à effets de serre repose sur des solutions techniques existantes qui ont fait la preuve de leur efficacité sur le plan environnemental comme sur celui de la performance économique. Implémentées massivement, celles-ci permettraient de résoudre en grande partie la contradiction entre rationalité économique et impératifs écologiques. Une nécessité à l’heure où les 880 millions de tonnes de CO2 émis chaque année par le secteur industriel européen contribuent plus que jamais à l’accélération de la crise climatique.