Ces 4 pistes de l'IoT pour améliorer le DPE

Ces 4 pistes de l'IoT pour améliorer le DPE Le ministère à la Ville et au Logement prévoit d'améliorer la qualité du DPE. Y introduire la sobriété par l'IoT est l'une des recommandations de la filière électrique.

Le diagnostic de performance énergétique (DPE) s'est affirmé comme l'outil clé de l'Etat pour la rénovation énergétique des bâtiments. Mais cet outil pédagogique visant depuis sa création en 2006 à expliquer la qualité d'un logement reste critiqué, aussi bien par les professionnels que les particuliers, pour son manque de fiabilité. A tel point que le ministère à la Ville et au Logement a lancé à l'été 2022 une feuille de route visant à améliorer le DPE, avec pour première mesure le renforcement de la formation des diagnostiqueurs. Pour la filière électrique, la prise en compte de l'IoT serait un moyen d'optimiser le DPE, avec quatre bénéfices majeurs.

Un DPE plus fiable

Le premier atout de l'IoT dans la réalisation du DPE serait de fournir davantage de données renforçant sa fiabilité. "Pour calculer le DPE, on est passé d'une méthode se basant sur les factures de l'habitant, avec laquelle on ne parvenait pas à qualifier le bâtiment, à une méthode conventionnelle lié au bâti et faisant ainsi l'impasse sur les usages. Cette deuxième méthode va dans le bon sens mais n'est pas encore optimale. L'IoT fait partie des dimensions peu prises en compte alors que la technologie permettrait d'apporter des données objectives sur les usages et tous les éléments de la qualité du bâti, comme la qualité de l'air", explique Anne-Sophie Perrissin-Fabert, déléguée générale du syndicat de l'Industrie du génie numérique énergétique et sécuritaire, IGNES.

Un avis partagé par Henri de Noblens, cofondateur de la start-up française Homeys : "La collecte des données d'un foyer ou d'un bâtiment n'est pas assez exploitée. L'IoT est la solution pour rapprocher la méthode empirique avec celle théorique." Homeys propose aux professionnels un calculateur leur permettant d'évaluer les avantages de leurs travaux de rénovation énergétique, en leur fournissant quatre mois après des données objectives sur les économies réalisées et les réductions d'émissions de CO2.

Un DPE plus attentif à la sobriété

L'une des recommandations de la filière électrique est d'intégrer la sobriété dans le DPE. © IGNES

L'une des recommandations de la filière électrique au gouvernement est d'intégrer la notion de sobriété au DPE. "Il est nécessaire d'ajouter dans le DPE des informations sur les consommations d'été et d'hiver", martèle Pascal Portelli, vice-président de l'IGNES et PDG du fabricant Delta Dore. D'autant que les résultats de l'IoT en faveur de la sobriété sont manifestes : "L'installation de thermostats connectés à elle-seule génère 15% d'économies d'énergie dans un logement", complète-t-il, en regrettant que seuls 12% des foyers français soient équipés d'un système de pilotage de l'énergie connecté. 

En intégrant la sobriété et l'IoT au DPE, l'IGNES espère supprimer les effets rebonds dans l'énergie : "Quand le budget alloué à l'énergie devient moindre, on a tendance à dépenser davantage. Or, les équipements connectés dotés d'intelligence artificielle permettent d'optimiser les consommations en fonction des usages. Et par ses données simples et précises, l'IoT incite à un comportement plus vertueux", constate Anne-Sophie Perrissin-Fabert, qui appelle par ailleurs à une sensibilisation des Français sur les consommations d'été et d'hiver : "Quand on isole mieux son logement pour l'hiver, il faut en parallèle bien gérer ses apports solaires, prévient-elle. Car la chaleur entre moins avec l'isolation, mais quand elle entre, elle ressort difficilement. Un habitant sans problématique de confort d'été peut en subir après avoir isoler son logement. L'IoT permet d'automatiser cette gestion chaud/froid." Anne-Sophie Perrissin-Fabert espère obtenir des avancées du DPE sur la sobriété énergétique d'ici au 1er janvier 2024, date à laquelle les pouvoirs publics ont annoncé une révision du dispositif MaPrimeRénov et l'obligation pour les plus grosses copropriétés de réaliser un DPE collectif.

Un DPE adapté à la flexibilité du réseau

Entre la crise énergétique et le développement des énergies renouvelables, le bâtiment acquiert de nouvelles fonctionnalités : demain, il va devoir devenir contributeur au réseau électrique. "Il faut encourager le bâtiment, en particulier dans le tertiaire, à devenir une réserve de flexibilité pour le système énergétique. Pour qu'il soit contributeur, le bâtiment doit interagir avec le réseau et cela ne peut se faire que par de l'IoT pour avoir entre les équipements une communication fluide et rapide", souligne Olivier Delepine, président du syndicat professionnel Gimelec Bâtiment.

Un DPE comme outil de valorisation du bien

"Demain, un bâtiment instrumenté d'IoT pour du pilotage énergétique n'aura pas la même valeur qu'un bâtiment non équipé"

Intégrer l'IoT dans la réalisation du DPE permettrait aux habitants de mettre en avant leur baisse de consommations et de valoriser leur patrimoine par le biais de l'étiquette du DPE. "Un logement isolé n'a pas la même valeur patrimoniale qu'un logement non-isolé. Demain, un bâtiment instrumenté d'IoT pour du pilotage énergétique n'aura pas la même valeur qu'un bâtiment non équipé", estime Anne-Sophie Perrissin-Fabert. D'autant que doivent se créer des carnets d'informations du logement, transférant d'un propriétaire à l'autre les informations du bâtiment.

Enfin, dans les perspectives à imaginer, l'IoT permettrait de réduire le coût de réalisation d'un DPE, compris entre 100 et 250 euros pour un particulier, en fonction de la surface de son logement notamment, selon l'Ademe. "Le montant se justifie par l'intervention d'un technicien. Si demain un logement est entièrement connecté, on pourrait imaginer un DPE virtuel, réalisé à distance à partir des données des capteurs et de l'intelligence artificielle", envisage Anne-Sophie Perrissin-Fabert avant de rappeler que le secteur du bâti n'en est qu'à ses débuts.