Dossier Ce qu'Apple a (peut-être) raté dans iOS 7

La principale innovation d'iOS 7 réside dans l'adoption du flat design qu'Apple a piqué à Android et qui a conduit à l'éviction de ce qu'on appelle le chrome, à savoir l'ensemble des entités formant l'interface utilisateur autour du contenu d'une application. "Alors que cette décision reflète la pensée courante que, sur mobile, il est nécessaire de privilégier le contenu au chrome, elle n'est pas sans causer quelques confusions", explique Raluca Budiu, chercheuse en expérience utilisateur au sein du Nielsen Norman Group.

Et pour cause, les boutons et widgets doivent être aisément différentiables du contenu, pour que l'utilisateur comprenne lorsqu'il doit passer à l'action. Et c'est peu dire que la 3D était à ce titre le meilleur moyen de mettre en évidence les boutons sur lesquels on peut faire un "tap" (en français, tapoter). Ce n'est pour autant pas le seul, "d'autres indices sont les jeux d'ombres, le fait de donner une couleur différente aux liens, ou même la disposition de ces liens sur la page", précise Raluca Budiu. De fait, la spécialiste estime qu'Apple fait plutôt du bon travail en la matière : "les éléments cliquables et ceux qui ne le sont pas sont clairement distingués". D'autant que certaines de ces distinctions s'appuient sur la connaissance qu'ont les utilisateurs des codes d'iOS et du Web. Et d'illustrer avec l'étape de la configuration d'une boîte e-mail, dans l'onglet "Settings". Ici, la couleur bleue et la flèche, tous déjà présente dans iOS 6, caractérisent les éléments qui permettent de faire une action. 

l'étape de la configuration de la boite mail.
L'étape de la configuration de la boite mail. © Nielsen Norman Group

Raluca Budiu note toutefois les limites du système Apple, en illustrant avec cette même étape où un autre lien cliquable est marqué de la couleur rouge. "On voit qu'au sein même d'une seule et unique étape, la couleur caractérisant un texte permettant une action diffère", souligne-t-elle. Ce manque d'uniformité dans le choix des codes réduit les "effets d'apprentissages" or, explique Raluca Budiu, "lorsqu'Apple, Google ou Microsoft introduisent un nouveau look à leur OS, ils sont aussi responsables de la mise en place de guidelines en termes de design, qui aident les développeurs à répliquer ce look". Ce n'est pas le cas ici. Et forcément cela engendre une certaine confusion auprès des développeurs d'applications, comme on peut le voir avec le design de "Mobile Inspect", une application à destination des vendeurs de voitures d'occasion. 

les éléments cliquables sont difficilement identifiables. 
Les éléments cliquables sont difficilement identifiables.  © Nielsen Norman Group

Difficile en effet de voir ici où sont les "call to action", il faut prêter une attention importante au texte "Select a record type and click continue", pour comprendre la marche à suivre. C'est loin d'être intuitif et cela peut être un frein important à la navigation dans la mesure où "la plupart des sessions sur mobile sont courtes et sujettes aux interruptions".