Alibaba et Yahoo se déchirent autour de Google


Alibaba juge "irresponsable" le soutien de son actionnaire Yahoo à Google, qui s'affirme victime d'attaques informatiques en Chine.

Rien ne va plus entre le groupe chinois Alibaba et son actionnaire américain Yahoo. Dimanche 17 janvier, l'éditeur des sites e-commerce BtoB Alibaba.com et BtoC Taobao a qualifié "d'irresponsable" le soutien de Yahoo vis-à-vis de son concurrent Google, victime d'attaques informatiques massives ciblant des militants chinois des droits de l'Homme. Interrogé par l'AFP, le porte-parole d'Alibaba John Spelich, indique que Yahoo ne dispose pas de preuves permettant d'incriminer les autorités chinoises.

Mercredi 13 janvier, Yahoo avait officiellement condamné toute tentative d'infiltration dans les réseaux d'entreprises destinée à obtenir des informations sur ses utilisateurs. "Nous jugeons ce genre d'attaques profondément dérangeantes et croyons fortement que nous, les pionniers d'Internet, devons tous nous opposer à la violation de la vie privée des utilisateurs", avait alors indiqué un porte-parole de Yahoo.

Derrière cette polémique transparaît les mauvaises relations qu'entretiennent depuis quelque temps Alibaba et Yahoo. Depuis 2005, c'est Alibaba qui gère le portail de Yahoo en Chine. En échange de quoi, le groupe américain a pris 39 % du capital du chinois. Mais la patronne de Yahoo, Carol Bartz se dit mécontente de la gestion de sa marque en Chine. Jack Ma, le président d'Alibaba estime de son côté que le groupe américain n'a pas son mot à dire concernant la façon dont Alibaba gère Yahoo China (lire l'article Alibaba déshabille un peu plus Yahoo China, du 24/08/2009).

Alibaba chercherait d'ailleurs à s'émanciper de Yahoo. L'entreprise chinoise multiplie les rencontres avec des groupes américains en vue d'attaquer le marché US, et de créer des opportunités en Chine pour ces partenaires. En septembre 2009, Yahoo avait annoncé son souhait de vendre 57,48 millions d'actions de son partenaire chinois (soit 1 % des actions émises par la société), ce dont Alibaba s'était officiellement réjoui.

En soutenant Google, Yahoo semble aussi vouloir se racheter une image. En 2007 Yahoo avait été pointé du doigt pour avoir fourni aux autorités chinoises les adresses e-mail et IP de plusieurs dissidents, parmi lesquels le journaliste Shi Tao, condamné à dix ans de prison pour diffusion de secrets d'Etat et le cyberdissident Wang Xiaoning, condamné à dix ans de prison pour "incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat". Le co-fondateur de Yahoo, Jerry Yang, PDG du groupe en 2007, avait alors dû présenter ses excuses devant le Congrès américain.