Patrick Malka (Newfund) Notre vision de l'investissement, c'est "la PME dans tous ses états"

Fonds d'investissement généraliste, Newfund est également actif dans l'e-business et souhaite investir dans des sociétés dans des "situations spéciales".

JDN. Vous entrez petit à petit dans le paysage du capital risque français après être né en pleine période de crise. Quelle est votre histoire ?

P. Malka. Newfund est né en juillet 2008 dans un contexte particulier. Après avoir commencé à lever des fonds, nous sommes restés quatre mois sans agrément AMF, qu'on a finalement obtenu au bout de six mois, certainement en raison de l'instabilité des marchés. Nous gérons aujourd'hui un FCPR de 72 millions d'euros dont les souscripteurs sont à 15 % des institutionnels et à 70 % des entrepreneurs comme Grégoire Lassalle, Frédéric Krebs ou Xavier Caïtucoli. Notre fondateur François Véron est également souscripteur. Newfund est constitué d'une équipe mixte car François Véron est compétent dans l'exécution et la prospective alors que j'ai davantage une expérience de terrain après quinze ans passés dans les médias.

Dans quels types de sociétés investissez-vous ? Avez-vous des lignes directives particulières ?

Nous ciblons différents types de services, de produits, plates-formes et solutions technologiques. On ne communique cependant pas sur les montants investis mais nous investissons le plus souvent dans des sociétés réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 'un million d'euro.

Notre ligne directive c'est "la PME dans tous ses états". Nous sommes à l'aise dans les situations spéciales, c'est-à-dire de changement fort où les sociétés ont besoin d'être accompagnées, par exemple quand une start-up arrive en phase de commercialisation, ou encore PME qui se trouve face à un changement réglementaire. Cela va donc de la situation de crise à l'accompagnement du retournement. Nos investissements se situent globalement dans une fourchette allant de 300 000 euros à cinq millions d'euros.

Quel est votre dealflow ? Vos critères de sélection ?

Nous recevons 800 dossiers entrants dont la moitié qui arrivent via des intermédiaires. Ils sont d'ailleurs très nombreux. Nous en avons recensé environ 250. En fait, dans le private equity, quand il y a une crise comme en 2008, beaucoup d'acteurs se reconvertissent dans l'intermédiation.

Quant à nos critères, nous recherchons des entrepreneurs avec qui on peut établir un dialogue et qui partagent des intérêts communs. Nous sommes avant tout des investisseurs associés. On ne fait toutefois pas ce qui est très R&D sauf dans des projets en phase de commercialisation, ni de biotechnologies. Disons qu'on accompagne les entrepreneurs là où on peut les comprendre. Nous ne souhaitons pas les changer mais les aider à avancer. Par contre nous n'investissons pas uniquement dans le web comme peuvent l'illustrer nos participations dans le fabricant de bretzel Bretzel Love ou encore le spécialiste du vélo CKT.

Et qu'en est-il de vos participations dans l'e-business ?

Notre premier investissement s'est réalisé en avril 2009 dans Learnissimo, une plate-forme qui propose d'apprendre des langues étrangères en rentrant en vidéoconférence avec d'autres personnes. Nous avons également investi dans Yoopala.com, qui permet aux parents de faire garder leurs enfants sur des tranches horaires récurrentes et de gérer la rémunération des baby-sitters, ou encore dans l'e-commerce avec Monbento.fr, qui commercialise des bentos aux grands comptes ou particuliers. Enfin nous avons réalisé d'autres investissements significatifs avec Limonetik, une start-up qui propose différents moyens de paiement en ligne, ou encore 3Dduo, spécialiste du serious et social gaming qui vient de partir sur un second tour avec le fonds Finorpa.

Patrick Malka a commencé sa carrière comme auditeur chez Ernst & Young. Il a ensuite rejoint le groupe Gaumont en tant que contrôleur interne, puis Directeur Financier adjoint. Patrick rejoint ensuite en 2000 le Groupe Cryo en tant que Directeur Financier, puis Xilam Animation en 2002 en tant que Directeur Général. Il a notamment eu la charge de structurer cette entreprise après son entrée en bourse, de gérer les relations avec les investisseurs et la communauté financière, et plus généralement a assumé de larges fonctions de management opérationnel. Il a quitté Xilam début 2008 pour participer au lancement de Newfund.