Comment le Quantified Self va s'immiscer dans votre quotidien Un marché qui pourrait peser des milliards de dollars

Preuve de l'ampleur que pourrait bientôt prendre le marché du quantified self, certains grands acteurs s'y positionnent déjà. En commençant par le domaine sur lequel les consommateurs sont les plus disposés à dépenser : le segment sport et fitness. Ainsi, Nike a lancé un bracelet permettant de mesurer son activité quel que soit le sport pratiqué, le Nike Fuelband, qui attribue des "fuels", l'unité utilisée par Nike pour quantifier la dépense d'énergie - ou de calories.

Philips s'est également tenté intéressé au domaine en lançant Philips Direct Life, un concurrent de FitBit. Et bien sûr, Google Health a vu le jour en 2008, sans doute trop tôt puisqu'il y a mis fin en janvier dernier, faute d'avoir convaincu autant d'utilisateurs qu'espéré. Google leur suggère d'exporter leurs données sur la plateforme d'un autre grand du Web : Microsoft HealthVault, qui tient bon depuis 2007 et s'est attaqué au Royaume-Uni en 2010.

Pour le spécialiste français du quantified self, Emmanuel Gadenne, la santé connectée va devenir de plus en plus courante. Les capteurs, de plus en plus miniaturisés et de moins en moins coûteux, vont être intégrés dans des objets de plus en plus communs. "Par exemple, demain, les fonctionnalités de FitBit ou de Nike Fuelband pourraient être intégrées dans une petite puce à placer dans une montre de luxe : elles seraient toujours plus utiles qu'un altimètre ou les marées."

le zeo sleep manager pro
Le Zeo Sleep Manager Pro © Zeo

Le bandeau Zeo, à porter autour de la tête pour lire les ondes cérébrales et évaluer précisément la qualité du sommeil en vue de l'améliorer, pourrait ainsi laisser la place à un dispositif moins inconfortable. Les futurs Google Glass et Google Smartwatch pourraient également intégrer des capteurs de mesure de soi. De tels capteurs commencent d'ailleurs déjà à être implantés dans des lunettes de ski ou de natation, des chaussures ou encore des vêtements techniques.

Enfin, la mesure de soi a déjà été étendue au collectif. Ainsi, plusieurs grandes villes des Etats-Unis organisent des "weight loss challenges", défis invitant les volontaires à perdre du poids. "Les capteurs restent individuels, mais les données sont rendues anonymes avant d'être consolidées, indique Emmanuel Gadenne. Il en résulte d'ailleurs des données intéressantes : poids que l'on prend à Noël, différences entre hommes et femmes, etc." A l'échelle de l'entreprise, il est aussi possible de fixer divers objectifs de santé : alimentation, marche... Le réseau social d'entreprise Keas permet ainsi de se constituer en équipes pour atteindre ces objectifs. "Ce qui peut aussi faire office de programme de prévention de santé, dans un format convivial qui ressemble à Facebook", remarque notre expert. Les médecins peuvent également trouver leur intérêt dans des dispositifs collectifs de quantified self. Ainsi, l'Américain Asthmapolis agrège les informations remontées par des inhalateurs équipés d'un GPS pour afficher, en temps réel, une carte des zones asthmatiques. Les médecins peuvent suivre à distance symptômes et traitements de leurs patients, tandis que les épidémiologistes disposent de données localisées et à jour.

Selon Emmanuel Gadenne, "ce marché pèsera à terme plusieurs milliards de dollars dans le monde, si l'on considère à la fois la santé connectée, le sport et le bien-être assisté, le suivi de la productivité..." D'autant qu'aux Etats-Unis et au Canada, les remboursements de santé bien moindre qu'en France poussent les individus à s'engager dans des démarches individuelles de prévention, alimentant encore l'essor du secteur.