Internet des objets : la révolution est-elle en marche ? L'Internet des objets, un concept à périmètre mouvant

Selon la Commission européenne qui a lancé en avril 2012 une grande consultation sur le sujet, le concept d'IdO recouvre trois types de communication qui peuvent être établies dans des zones restreintes ("intranet des objets") ou publiques ("internet des objets") : soit d'objet à personne; soit d'objet à objet; soit de machine à machine (M2M).

C'est par exemple le téléphone portable qui intègre un appareil photo et une connexion Internet, le compteur électrique "intelligent" qui permet de maîtriser sa consommation en temps réel, mais aussi tous les "objets intelligents" que l'on retrouve dans les secteurs de la logistique, de l'industrie manufacturière ou dans la vente de détail. Loin d'être circonscrite à l'idée, encore quelque peu prospective, d'objets connectés à Internet et dotés d'une adresse IP unique, cette acception d'un IdO à géométrie variable et évolutive est aujourd'hui la mieux partagée.

L'Internet des Objets du quotidien

A en croire Loic Le Meur, organisateur de la conférence LeWeb12 dont le thème principal est l'Internet des Objets (IdO), il s'agit là "d'un mouvement de fond. C'est tout simplement le thème qui suscite le plus d'activité entrepreneuriale dans la Silicon Valley cette année. Plus de la moitié des dossiers sont liés aux objets connectés, enrichis par leur connexion à Internet et leurs interactions avec les autres internautes. L'Internet des objets, c'est la conjonction du matériel et du logiciel, enrichi par nos interactions sociales sur le web ou le mobile", explique-t-il. Si l'on comprend l'engouement de l'entrepreneur de San Francisco, on prendra soin de tempérer quelque peu cet enthousiasme tant la Silicon Valley, référence entre toutes, s'y connaît pour générer à espaces réguliers des bulles tout aussi bien technologiques que spéculatives.

Il n'en reste pas moins que l'Internet des Objets fait son chemin dans notre quotidien. Le phénomène trouve son origine dans le M2M traditionnel (la communication entre machines) grâce notamment à une technologie comme la RFID, utilisée dans la gestion de flottes de véhicules, la traçabilité, et le cycle de vie des objets.

Mais l'IdO symbolise désormais cette société connectée faite de QR Code, de carte SIM, de code à barres 2D, et de NFC, dont les applications pratiques se multiplient chaque jour. "En magasin, hormis le traditionnel passage en caisse, on assiste ainsi à la montée du e-couponing", souligne Nicolas Pauvre, Chef de projet Innovation et Technologie de GS1, un organisme mondial actif dans le domaine de la normalisation des méthodes de codage utilisées dans la chaîne logistique.

Le futur : une adresse P pour chaque objet de notre quotidien

Bientôt viendra le tour du paiement sans contact grâce à la technologie NFC. Le dispositif est déjà en test dans des villes pilotes comme Nice, Caen ou Strasbourg. Dans la rue, les lecteurs de "flashcodes disponibles en téléchargement et qui permettent de jouer ou de récupérer des informations en entrant en contact avec un panneau publicitaire interactif, font le bonheur des mobinautes et des magasins d'applications (AppStore, Android Market...).

A la maison, de nouvelles solutions domotiques qui ne nécessitent parfois qu'une simple carte SIM permettent de maîtriser à distance sa consommation d'énergie, en coupant par exemple le chauffage via un simple SMS. A l'instar de MyPlug, une petite prise électrique "intelligente" et ergonomique développée par Orange.

Pour l'Internet des Objets, la prochaine étape, l'étape ultime, réside peut-être dans ce dispositif qui verrait chaque objet du quotidien être connecté à Internet via une adresse IP unique. Mais nous n'en sommes pas encore là. Comme le fait remarquer ironiquement Samuel Ropert, analyste à l'Idate, "tout cela est bien séduisant, mais le frigo "intelligent" n'est pas encore arrivé chez Darty".