Gilles Babinet (Multi-entrepreneur et Digital Champion) Gilles Babinet, l'insatiable entrepreneur

Celui qui a été nommé "digital champion" de la France à Bruxelles est un entrepreneur dans l'âme. Il a déjà créé une dizaine de start-up... Avec succès.

kingphilwagner creative commons
Gilles Babinet a été nommé Digital Champion par Fleur Pellerin en 2012. © Kingphilwagner - Creative Commons

Gilles Babinet est né en 1967 à Paris. Il connaît un parcours scolaire difficile. Tant au collège qu'au lycée, il a du mal à intégrer le cadre scolaire classique. Son père, ingénieur, qui avait échoué à l'X tandis que le grand-père était sorti major de Polytechnique, lui met la pression, comme à ses frères. Il quitte l'école à 16 ans et passe son baccalauréat littéraire en candidat libre, à 20 ans. Entre temps, il s'essaie à tous les domaines: dessin, musique, sport... Il voyage beaucoup et travaille à remettre des appartements aux normes.

En 1989, il fonde une société – la première d'une longue série. Il a 22 ans et il a décroché un job d'été comme manœuvre sur un chantier, à la Défense. Pendant trois mois, il est alpiniste du bâtiment et pose l'électricité sur les façades. Il entend son patron se plaindre de la trop forte demande et décide de le soulager... En créant son entreprise. Là naît l'idée d'Escalade Industrie, une société spécialisée dans les travaux électriques en hauteur. En moins d'un an, la société emploie une quarantaine de personnes. Gilles Babinet quitte cependant l'entreprise, à cause de mésententes avec ses associés.

En 1991, il cofonde Absolut Design, une société de design industriel, aux côtés de Clément Bataille. Elle se développe petit à petit dans le transport et décroche de gros contrats. Elle est notamment responsable du dessin du tramway de Bordeaux ou des poubelles du métro parisien, mais a aussi dessiné les téléphones de France Télécom, de Sagem, d'Alcatel, des ordinateurs et du matériel médical... Une web agency est créée, une société nantaise rachetée. Quand Gilles Babinet revend le groupe Absolut à Euro RSCG2 en 2000, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, il domine le marché et est installé dans plusieurs villes. L'entrepreneur gagne environ un million d'euros, qu'il perd rapidement en bourse.

Son moteur : l'excitation des débuts.

La même année, Gilles Babinet lance Musiwap, rapidement renommé Musiwave. Les débuts sont difficiles. En 2002, la société devient la première au monde à proposer des sonneries pour téléphones qui ne sont pas polyphoniques mais "hi-fi", composées d'harmonies synthétisées. Un carton. Musicwave est revendue en janvier 2006 à Openwave pour 139 millions de dollars. Ce qui motive Gilles Babinet, c'est l'excitation des débuts. La recherche du business model, la levée de fonds, les premières embauches et les premiers succès. La gestion d'une société plus grosse ne lui convient pas.

Gilles Babinet continue de monter société sur société. Eyeka, d'abord, un site qui permet de connecter des marques et des créateurs pour de la co-création. Captain Dash, ensuite, en 2009, dans le domaine de la Big Data. La start-up offre des outils statistiques aux directeurs marketing. Puis Mxp4, qu'il co-fonde avec Philippe Ulrich. La société développe des technologies de musique interactive puis se reconvertit dans le domaine du social music gaming. Il crée ensuite Digibonus, une plateforme de création automatisée d'opérations Facebook (jeux concours) pour le web et le mobile. Il s'associe aussi dans plusieurs autres start-up, comme SacAddict.com.

Gilles Babinet quitte ensuite toutes ses fonctions de dirigeant, même s'il reste présent dans les start-up dans lesquelles il a une participation. Il est président du conseil d'administration de Captain Dash, Eyeka, MXP4 et Digibonus. Il s'investit également dans l'aide à la création d'entreprise, en étant un membre actif de l'association 100 000 entrepreneurs.

En 2011, Gilles Babinet est élu premier président du Conseil national du numérique. Sous sa présidence, le CNN s'engage sur le développement de l'e-éducation, le financement de l'innovation et l'open-data, et planche sur la fiscalité du numérique. Il participe aussi à la rédaction de rapports de l'Institut Montaigne, think-tank parisien, et il siège au Conseil d'administration du Mobile Entertainement Forum, une association qui promeut les services de loisirs sur les mobiles. 

Le 25 juin 2012, la ministre déléguée au numérique, Fleur Pellerin, nomme Gilles Babinet "Digital Champion" auprès de la commissaire européenne chargée du Numérique. Le programme européen réunit des personnalités autour d'une réflexion sur la société numérique. En février 2013, il déclenche une polémique en attaquant la CNIL lors d'un entretien accordé à Usine Nouvelle. "Avec sa régulation excessive, c'est un ennemi de la Nation. Il faut [la] fermer", a-t-il déclaré.