VTCs ? Non, c'est G7 qui tuera les taxis !

Les taxis ont de nouveau protesté lundi pour dénoncer ce qu'ils appellent la "concurrence déloyale". Il semble en effet plus facile de montrer du doigt la concurrence que de se remettre en question... Et si les VTCs n'étaient pas le réel danger ?

Les taxis font face à une rupture avec l’apparition des Smartphones et des VTCs (Voitures de Tourisme avec Chauffeurs). Il est classique de commencer par essayer de lutter sur un plan réglementaire et tenter de faire interdire les nouveaux entrants. Mais tout le monde sait que cela ne dure qu’un temps et que les fleuves coulent en direction de la mer. Tôt ou tard il faut accepter le jeu de la concurrence.
Or les sociétés de Radio Taxis existantes ralentissent ce mouvement et ce faisant, nuisent à l’industrie du taxi, c’est à dire à ceux même qu’ils sont censés représenter.

Voici pourquoi…

G7 et Taxis Bleus, qu’on appellera pour simplifier le groupe G7 car ils appartiennent au même actionnaire, détiennent un quasi monopole en région parisienne, avec 11 000 véhicules/voitures sur un total de 18 000. Quand je dis “détiennent”, entendons-nous bien, ces taxis sont supposés être en contrat commercial avec eux tout en conservant leur statut d’indépendant. Il n’empêche que quand les Ÿ de votre chiffre d’affaires proviennent d’un même prestataire, l’indépendance est relative.

Le business modèle du groupe G7 repose de manière prépondérante sur :
  • Les abonnements entreprises,
  • Les abonnements taxis.

En d’autres termes, il y a un double flux de revenus qui provient des deux bouts de la chaîne de valeur: le fournisseur de service (le taxi) et le client (le passager ou son entreprise).
Du côté des taxis, ceux-ci s’acquittent d’une redevance mensuelle en échange de laquelle ils reçoivent un bouquet de services : équipement radio et flux quotidien de réservations de courses.
Les entreprises honorent une facturation fixe, les abonnements, et une facturation variable, les frais de gestion, proportionnels à leur volume d’affaires. Ils s’engagent également sur des niveaux de pourboire garantis aux chauffeurs. En échange, les entreprises bénéficient d’une facturation centralisée et d’une priorité sur les taxis disponibles.
Rien de répréhensible à tout cela a priori, mais couplée à la limitation du nombre de taxis (numerus clausus) l’existence de ce monopole a une double conséquence fâcheuse.

L’assèchement de l’offre

La concession d’une priorité aux entreprises réduit drastiquement le nombre de taxis disponibles pour ce qui devrait constituer leur activité première: la prise de passagers sur la voie publique. En d’autres termes si vous ne trouvez pas de taxis lorsque vous en cherchez, ce n’est pas seulement parce qu’il en manque, c’est aussi parce qu’ils sont réservés aux passagers prioritaires, les titulaires d’abonnements. Ces courses sont plus rentables pour les chauffeurs et surtout beaucoup plus rentables pour G7.
Il faut pourtant se souvenir que la plaque de taxis s’appelle ADS ou Autorisation De stationner. A l’origine elle est destinée à leur permettre de servir ceux qui ont besoin d’eux en instantané. La réservation était en principe destinée aux voitures avec chauffeurs, les VTCs. C’est ainsi qu’à New York par exemple, les taxis n’ont pas le droit de servir les réservations. Résultat, vous en voyez partout alors qu’ils ne sont pas nécessairement plus nombreux stricto sensu.

Le blocage technologique

La vraie raison du succès d’entreprises telles que SnapCar ne réside pas nécessairement dans la question “taxis ou VTCs”. C’est avant tout la technologie qui fait la différence. La vraie réponse des taxis devrait se porter d’une part sur le plan de la qualité de services, d’autre part elle devrait être technologique. Rien n’interdit aux taxis d’utiliser les mêmes armes que nous. Rien ?

Lisez plutôt l’extrait suivant d’un courrier envoyé par G7 à ses chauffeurs:

  • « En tant qu'affilié TAXIS G7, puis-je m'inscrire en parallèle à une de ces applications de diffusion de courses de taxi ?
NON. ….
  • Le non respect de ces engagements entraînerait la résiliation du contrat d'affiliation TAXIS G7 dans les conditions prévues à l'article 19 des conditions générales ».

Vous avez bien lu, ces chauffeurs “indépendants” se voient interdire l’utilisation des smartphones pour la prise de commande. Il y a au moins 5 sociétés dont le développement à Paris est bloqué par cette interdiction.
Outre le caractère probablement illégal d’une telle disposition contractuelle, G7 est tout simplement en train de priver ses adhérents d’une arme fondamentale dans la lutte qui s’est instaurée.
Alors… les « ennemis » des taxis ne se trouveraient-ils pas plutôt dans leurs propres rangs ?