Henri de Bodinat (Time Equity Partners) "L'Acsel doit élargir son champ d'action et devenir plus visible"

Le président du fonds d'investissement Time Equity Partners présente au JDN son programme pour la présidence de l'Association de l'Economie Numérique.

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Henri de Bodinat est candidat à la présidence de l'Acsel. © S. de P. Time Equity Partners

JDN. L'Association de l'Economie Numérique élira son prochain président le 29 avril. Pourquoi vous être porté candidat ?

Henri de Bodinat. Plusieurs administrateurs et le délégué général, Jean-Rémi Gratadour, m'ont demandé si je pouvais être intéressé par la présidence. L'objectif était notamment que les membres de l'Acsel aient le choix entre deux programmes et deux personnalités [Cyril Zimmermann, fondateur et PDG de Hi-Media, est aussi candidat, ndlr]. C'est une démarche saine et positive. Pourquoi avoir accepté ? D'abord parce que le champ d'intervention de l'Acsel correspond exactement à celui du fonds d'investissement que je préside, Time Equity Partners [présent au capital de CCM Benchmark, éditeur du JDN, ndlr], et parce que le triple rôle de l'Acsel - les études, le lobbying et le club - m'intéressent.

Quel est votre programme ?

D'abord, élargir le champ d'action de l'Acsel. Aujourd'hui, elle est plutôt concentrée sur l'e-commerce et les moyens de paiement, même si elle s'ouvre aussi à d'autres thématiques comme la sharing economy. Le secteur du numérique est très large et fractionné mais il existe des interactions entre les différents segments. L'Acsel ne doit s'interdire aucun domaine de réflexion dans le numérique... En priorisant, bien sûr. En ce moment, l'économie du partage, les objets connectés et le Big Data sont des sujets très importants.

"Consolider notre pôle expertise"

Pour ce qui concerne les modalités d'action de l'Acsel, je pense que l'on peut renforcer certains aspects, notamment les études et les voyages d'étude. Nous devrions consolider le pôle expertise, notamment sur les aspects juridiques et la préparation des lois. C'est un point très important, parce que l'on peut toujours être menacé par des règlements, même préparés avec de bonnes intentions. Nous l'avons vu dans le débat entre les VTC et les taxis : un nombre de minutes peut être une variable fondamentale ! L'Acsel doit prendre des positions, faire des propositions et du lobbying, devenir un vrai interlocuteur français et européen pour pousser à l'adoption de réglementations favorables à l'économie numérique. Nous devons aussi engager un travail de communication pour rendre l'association plus présente dans les médias.

Enfin, nous devons élargir le nombre de membres et de partenaires de l'Acsel. Cela permettra d'augmenter nos moyens, d'enrichir les débats et d'élargir le réseau de l'association. Nous devons faire venir davantage d'entrepreneurs du numérique, en leur faisant comprendre que l'Acsel n'est pas incompatible avec d'autres associations plus verticales. Nous devons aussi approcher toutes les entreprises concernées par le numérique, comme Bouygues ou Dassault par exemple. L'association doit en outre créer davantage de ponts avec des partenaires français, comme Cap Digital, et européens.

Quels changements prévoyez-vous au sein de l'association ?

Il y a sûrement eu des problèmes de gouvernance. Il faudrait faire évoluer l'Acsel pour la rendre plus efficace, pour que les administrateurs soient plus impliqués et aient un meilleur accès aux données. Il faut engager un travail d'équipe, avec le bureau, pour réformer l'Acsel. C'est un problème que le nouveau président devra adresser, que ce soit moi ou non.

Henri de Bodinat est le président de Time Equity Partners, un fonds de capital développement (growth capital) spécialisé dans l'économie numérique qui a réalisé sept investissements en France et en Allemagne. Henri de Bodinat a été auparavant directeur général du Club Med, vice-président de Sony Software Entertainment Europe, président de Sony Music et directeur général de Saatchi et Saatchi France. En tant qu'entrepreneur, il a été à l'origine de la création de plusieurs sociétés, notamment dans le domaine des médias avec Radio Nova et MCM Euromusique. Il a également été consultant en stratégie chez Arthur D. Little pour de grands groupes de communication comme Orange, RTL Group, M6, ou Yahoo. Henri de Bodinat est diplômé de HEC, Sciences Po Paris et Harvard Business School.