Pourquoi le gouvernement américain a-t-il lancé des poursuites contre Google ?

Lors d'une interview dans la presse américaine, Sundar Pichai, le patron de Google, répondant à la question "qui sont vos concurrents", n'a cité que deux entreprises : TikTok et The Trade Desk

Une déclaration qui nous a tous surpris, Jeff Green, CEO-fondateur de The Trade Desk en tête. Il aime à dire que The Trade Desk n’est en concurrence qu’avec la 37ᵉ plus haute priorité de Google.

Mais la déclaration de Google a peut-être, sans le vouloir, donné raison au gouvernement américain qui préparait son procès antitrust : Google a-t-il réellement des concurrents sur le marché de la publicité en ligne ?

Car, au-delà de l'étrangeté du commentaire de Sundar, le fait qu'il n'ait pas voulu citer d’autres concurrents de plus grande envergure devrait inquiéter tous ceux pour qui la concurrence libre et non faussée importe. 

Si on se concentre uniquement sur son activité de plateforme d’achats médias, Google peut-il considérer The Trade Desk comme son concurrent ?

Rappelons que chez The Trade Desk, nous aidons les marques, en nous appuyant sur les données, à acheter des espaces publicitaires numériques parmi les millions d'enchères publicitaires en ligne disponibles chaque seconde. Comme nous ne possédons ni contenu, ni médias (contrairement à Google avec YouTube), ni moteur de recherche, nous achetons objectivement les espaces qui ont le plus de valeur pour nos clients. Google, lui, gagne de l'argent sur tous les aspects de la transaction publicitaire.  

Plus que n’importe quel autre secteur, celui de la publicité devrait s’inquiéter de l'absence de concurrence et de la nonchalance apparente de Google à cet égard. Sans un marché publicitaire concurrentiel et transparent, une grande partie de ce qui nous tient à cœur sera menacée. 

Google a en effet laissé très peu de choix aux consommateurs et aux acheteurs d'annonces publicitaires. Google a tellement de points de contact avec les annonceurs et les consommateurs, qu’il peut acheminer les dépenses publicitaires vers lui-même sans que personne ne le conteste. Le marché des Walled Gardens élimine tout simplement la possibilité de choisir.

Aujourd’hui, Google contrôle la prise de décision, l'acheminement, l'audit, l'offre et la demande pour une part importante d'impressions publicitaires en ligne. Il endosse ainsi l’habit de juge, de jury, d'huissier, de procureur, d'avocat de la défense et de gardien dans de nombreuses transactions publicitaires, tout en essayant de faire croire qu'elles sont libres et non faussées.

En réalité, ce contrôle met en péril la capacité des annonceurs à agir avec précision et à différencier leurs activités. Il empêche les éditeurs de monétiser pleinement leurs contenus, leurs produits et leurs services. L'impact économique en aval de ce contrôle est important.

L’écosystème de la publicité numérique doit s’efforcer chaque jour de construire une nouvelle ère avec des marchés suffisamment compétitifs et équitables pour que les annonceurs et les consommateurs ne soient pris en otage dans un monde où les choix sont limités.