SD-WAN : vers un routage applicatif de plus en plus pertinent
Le SD-WAN porte de nombreuses promesses. Offrant une flexibilité très attendue pour des coûts intéressants, il promet à la faveur d'une intégration grandissante de répondre à de nouveaux usages et d'adresser jusqu'aux besoins les plus critiques. Mais pour que le SD-WAN devienne un standard de facto au sein des entreprises, il est essentiel que la gouvernance et les technologies prennent en compte les besoins d'ouverture, d'interopérabilité, et de pertinence du routage applicatif.
Si l’on n’y prend pas garde, les technologies SD-WAN sont susceptibles d’induire un risque de "lock-in", d'enfermement technologique, ce qui n’est pas un futur souhaitable. Lors de l’adoption de ces technologies, il est donc essentiel de prendre en considération leur degré d’ouverture. Plusieurs efforts peuvent contribuer à faire du SD-WAN un modèle plus ouvert et donc pérenne.
Au niveau de l’écosystème de développement des technologies SD-WAN, il est important que les acteurs s'accordent sur l'ouverture d'APIs et la standardisation de modèles de données SD-WAN, de protocoles, mais aussi d'architectures. Prenons ainsi pour exemple le cas dans le domaine du Broadband du TR-101, qui a su fédérer les opérateurs et les vendeurs télécoms autour d’une même architecture. Pour que cet accord prenne forme, il faut que standardisation et interopérabilité soient une demande forte des clients.
Par ailleurs, à l’heure où l’on parle d’explosion des usages et des objets connectés impactant l’ensemble des domaines (médical, transport, bancaire, administration et bien d’autres), il semble légitime de vouloir disposer d’un contrôle plus fin sur le routage du trafic. Pour que l’approche soit efficace, il faut que la promesse soit tenue, à savoir que les décisions de routage puissent se baser sur des indicateurs de performance (KPIs) tangibles et que ces dernières s’avèrent au final nettement meilleures que ce qui a pu être fait jusqu’alors au niveau réseau en matière de qualité de service (QoS).
La pertinence de l’interface utilisateur restera un critère primordial à mon sens dans le choix d’une solution SD-WAN, mais dans un futur proche, la véritable différenciation devrait se faire sur la pertinence du routage applicatif. Cette pertinence reposera sans aucun doute sur des capacités de collecte, de mesure et d’analyse de données qui permettront de produire l'indicateur de performance le plus fiable possible en fonction de la décision de routage attendue.
Vers un SD-WAN 2.0
Reconnaître des applications, effectuer des mesures de latence, de perte de paquets par liaison ou par application sont un bon début. Le but ultime étant la qualité de l’expérience applicative rendue par le réseau, l’utilisation de techniques complémentaires telles que la télémétrie, les analytics, ainsi que l’intelligence artificielle (IA) devrait rapidement s’imposer.
On pourrait même imaginer que les principaux applicatifs critiques du marché deviennent eux-mêmes acteurs de leur expérience réseau en publiant leurs propres KPI standardisés dont les algorithmes SD-WAN pourraient se nourrir dans le but de se rapprocher au plus près de l’expérience applicative ultime.
C’est probablement le côté prometteur et visionnaire que pourrait représenter un SD-WAN 2.0 où la data science reposant sur des techniques telles que big data, machine learning (ML), deep larning (DL) pourrait être utilisée en support des décisions réseau.
Nous n’en sommes d’ailleurs probablement pas très loin, car on observe aujourd’hui les premiers exemples concrets d’utilisation de l’IA au service du réseau.