Voiture connectée : elle avale les kilomètres et recrache des données

La voiture connectée devient une réalité. A quelles données pour quels usages peut on s'attendre ? Bilan et prospective.

Qui dit voiture connectée dit carte SIM. Ce que les opérateurs téléphoniques appellent communément M2M (Machine to Machine) est en passe de devenir un véritable marché à part entière pour les constructeurs automobile, les assureurs, les garagistes, les opérateurs téléphoniques et bien d’autres acteurs.

Chacun veut bien évidemment sa part du gâteau qui est en train de monter dans le four des innovations technologiques. Cependant, tout n’est pas aussi simple ou appétissant pour tout le monde…

L’automobiliste qui fournit des données d’utilisation de son véhicule doit consentir pleinement à partager ses informations, il doit être informé de toutes les informations qui vont être partagées et doit pouvoir à tout moment renoncer à les partager.

C’est aux sociétés récupérant et traitant ces données de trouver l’angle d’approche qui saura séduire l’utilisateur sans qu’il ne ressente que sa liberté ou sa vie privée soit violée au nom du sacro-saint Dieu big-data par les apôtres du e-marketing.

Le recours à des solutions open source semble être une voie toute tracée vers ce respect des limites de la Liberté de l’usager. Qui mieux qu’une centaine ou un millier de développeurs indépendants peut repérer et neutraliser des bouts de code liberticides ?

Au-delà de ces craintes légitimes, il y a de nombreux avantages et services à créer et commercialiser pour le bien de tous : du consommateur et des entreprises innovantes prêtes à devenir les pionnières de ce nouveau marché.

Entre les autoroutes de l’information et les véhicules connectés de magnifiques opportunités s’ouvrent. On peut d’ores et déjà entrevoir certains de ces services :

Un assureur pourrait proposer une assurance auto au plus juste, au kilomètre près avec révision du tarif de mois en mois en fixant par exemple un tarif mensuel plafond ou un remboursement de l’excédent de cotisation au bout de 12 mois. Ce concept existe déjà (pay as you drive) mais il se base pour le moment sur la déclaration des assurés.

Les économies réalisées par l’assureur qui n’a plus besoin de mandater un expert pour contrôler les déclarations de kilométrage annuel augmente de facto les bénéfices et les possibilités de réinvestissement.

Pour le moment deux mondes s’affrontent

D’un côté les constructeurs automobiles qui cherchent à imposer des solutions fermées en contrôlant les données collectées et les applications installées. C’est un peu comme si Samsung ne permettait d’ajouter que des applications développées par Samsung sur ses smartphones.

De l’autre côté, des boîtiers indépendants à relier directement sur la prise diagnostic qui permettent de s’affranchir de la pression des constructeurs avec un prix d’achat de l’ordre de 100 euros. L’atout de ces boîtiers indépendants réside dans la non nécessité de remplacer son véhicule pour bénéficier de cette technologie et dans le capital confiance qu’il peut susciter :

Si Renault me dit que ma Renault a besoin d’être révisée dans 1500 km, puis-je vraiment faire confiance à cette information ? Cette information est-elle vraiment basée sur mon usage du véhicule  ou sert-elle simplement les intérêts du constructeur ?

Un partenariat gagnant - gagnant

Là où le constructeur a une véritable carte à jouer avec l’automobiliste c’est en mettant en place un véritable partenariat avec son client. En partageant ses informations avec le constructeur, l’automobiliste aurait droit par exemple à une révision gratuite tous les 6 mois.

Le constructeur a beaucoup à gagner via un tel partenariat. Il se rapproche de manière concrète du besoin de ses clients et obtient un accès à des données qui lui permettront de mesurer avec précision  les usages, le degré d’usure et les besoins effectifs pour chaque élément du véhicule :

·         à quel point les pneus s’usent et sont sollicités

·         comment les freins sont utilisés et quand ils doivent être remplacés

·         quelle quantité de CO2 est réellement rejetée par le véhicule

·         si le paramétrage de la sensibilité des capteurs de sécurité est approprié ou au contraire doit être davantage personnalisé selon les familles de conducteurs (commercial, livreur, père de famille, jeune, retraité, etc.)

Le constructeur économise sur de coûteux tests sur circuit avec des prototypes et des pilotes chevronnés. Certes ce type de tests continuera à exister mais il pourra être recentré sur les problèmes avérés et non plus sur un test point par point. Il connaît ses points forts et ses points faibles à travers le réseau de voitures connectées dont il agrège les données.

L’automobiliste peut bénéficier de façon très fiable de conseils préventifs pour l’entretien de son véhicule ou pour surveiller sa consommation de carburant :

·         effectuer la vidange dans exactement X kilomètres

·         remplacer les pneus dans moins de Y kilomètres

·         quand monter des pneus hiver et quand les démonter

·         savoir qu’il faut procéder à une révision ou à un réglage de la climatisation

·         anticiper un entretien pour éviter d’en arriver à de plus lourdes réparations (le tout appuyé par des statistiques basées sur l’ensemble des véhicules de même marque et de même âge que celui du conducteur)

·         éviter de faire le plein dans telle ou telle station-service parce que le « rendement du carburant » y est moins bon que dans telle autre

·         modifier ses habitudes de conduite pour réduire sa  consommation

D’autres entreprises de services peuvent elles aussi apporter du sens à cette utilisation des data issues des voitures connectées :

·         Une entreprise de sécurité pourrait garantir de venir en aide au conducteur et ses passagers en quelques minutes à condition de disposer d’un maillage suffisant du territoire.

·         La sécurité routière pourrait adapter en temps réel ses informations trafic et signaler les accidents plus rapidement.

·         Les sites de tourisme pourraient  proposer de visiter leur charmante ville avec leur incontournable curiosité locale en se basant sur les précédentes destinations enregistrées dans le boîtier.

Tout cela semble bien tentant sur le papier encore faut-il mettre en place une politique d’utilisation des données qui ne soit pas perçue comme affreusement intrusive par le consommateur. Idéalement le conducteur d’un véhicule connecté devrait pouvoir choisir quelles données il accepte de partager et quelles données il refuse catégoriquement de partager.