Pack'n Drive automatise l'assurance auto grâce aux chatbots

Pack'n Drive automatise l'assurance auto grâce aux chatbots La start-up promet une déclaration de sinistres et une indemnisation bouclées en cinq jours. Elle va tester son concept avec PSA et le groupe d'assurance mutualiste Covéa (MAAF, MMA, GMF).

Pourquoi peut-il se passer autant de temps entre une déclaration de sinistre et son indemnisation par l'assureur ? L'une des raisons est le nombre d'allers-retours et le délai de ceux-ci entres les différents acteurs du processus. Pour régler ce problème, la start-up française Pack'n Drive prépare Chainly, une solution encore en phase de développement censée accélérer considérablement les démarches.

Avec Chainly, la déclaration de sinistre se fait entièrement en ligne, via une application dotée d'un chatbot, qui permet de renseigner les détails de l'accident (heure, date, lieu, photos…). Le reste de la procédure se déroule également dans l'appli, explique le co-fondateur de Pack'nDrive, Ahmed Badri. "Nous embarquons l'ensemble des parties prenantes d'un sinistre : assuré, assureur, garagistes et experts."  

Pack'n Drive a été sélectionnée avec deux autres sociétés pour rejoindre en septembre le programme Blockchain for Smart Transactions de l'Institut de recherche technologique System X, dont le but est d'accompagner la création de nouveaux services associés à la blockchain, notamment dans les mobilités. Pendant six mois, Pack'n Drive va y développer un proof of concept avec PSA et le groupe d'assurance mutualiste Covéa (MAAF, MMA, GMF). L'objectif de la start-up : être capable de commercialiser Chainly à l'issue du programme, en janvier 2018.

Réduire la fraude à l'assurance

Après avoir aidé le sinistré à trouver la dépanneuse la plus proche de lui, Chainly pourra aussi lui dégoter un garagiste, partenaire de l'assureur. Celui-ci valide ou invalide sa déclaration de sinistre puis annonce les travaux qui doivent être engagés, toujours dans l'appli. Une fois que l'assureur les a validés, le client accepte l'indemnisation proposée via une e-signature. "Cela enclenche directement les réparations, et l'indemnisation tombe 5 minutes plus tard," assure Ahmed Badri. Selon lui, ce fonctionnement permet de faire passer la durée d'une déclaration de sinistre d'entre un et trois mois à cinq jours, indemnisation comprise.

Si la déclaration de sinistre en ligne existe déjà, c'est grâce à deux autres briques technologiques que Pack'n Drive compte se démarquer : les véhicules connectés et la blockchain. La première technologie, une fois qu'elle sera démocratisée, permettra grâce aux données produites par la voiture de vérifier les dires de l'assuré : était-il là où il l'affirme au moment de l'accident ? Respectait-il les limitations de vitesse ? Et  ces données pourront être consignées dans la blockchain, un registre décentralisé et inaltérable qui sous-tend les monnaies électroniques comme le bitcoin, mais peut-être utilisé pour sécuriser toutes sortes d'informations. Cela permettra notamment d'éviter les doubles déclarations de sinistre. De quoi réduire les fraudes à l'assurance auto de 30%, affirme Ahmed Badri.

Les assureurs encore frileux

Fondée en 2015, cette start-up qui emploie 5 personnes et n'a pas encore levé de fonds auprès d'investisseurs, a choisi un modèle B2B. Elle veut vendre sa solution sous marque blanche aux assureurs, qui se chargeront de la proposer à leurs clients sur smartphone ou dans une application pour véhicule connecté. Chainly s'occupe seulement des sinistres les moins complexes, mais aussi les plus fréquents : les dommages matériels sans tierce partie blessée.

"Aujourd'hui, Chainly est toujours dans un processus où l'utilisateur doit prendre rendez-vous avec le garagiste," regrette Ahmed Badri. "Et les assureurs veulent encore qu'une tierce partie valide l'indemnisation, ça les rassure."  Mais l'objectif de Pack'n Drive à terme est d'automatiser tout ce processus grâce aux smart contrats de la blockchain, qui permettent de déclencher automatiquement une action ou transaction lorsque des conditions prédéfinies sont remplies. "Les assureurs ne voudront pas tout de suite passer à la blockchain," reconnaît Ahmed Badri, conscient qu'ils auront besoin de temps pour faire confiance à cette technologie encore nouvelle. "Le chatbot sera testé très rapidement mais la blockchain pourrait être intégrée plus tard".