La pollution automobile, mythes et réalités

En ces temps de "Dieselgate", il peut être bon de se rappeler quelques fondamentaux sur la pollution automobile.

La pollution automobile est de deux ordres : la pollution globale, celle qui contribue au changement climatique, et la pollution locale, celle qui affecte l'air que nous respirons.

La pollution globale est liée aux émissions de CO2 (gaz à effet de serre) et est directement proportionnelle à la consommation. Le système de bonus malus en vigueur en France se concentre d'ailleurs exclusivement sur ce type de pollution, en faisant l'impasse sur la pollution locale.
Ces dernières années, les constructeurs ont enregistré des progrès significatifs en termes de baisse des consommations. Cela passe d'une part par l'amélioration du rendement des moteurs ("downsizing" et compagnie) et d'autre part par l'allègement des voitures (il n'est plus rare qu'un véhicule soit de 50 à 200 kg plus léger que celui qu'il remplace).
Contrairement à une autre courbe bien connue, les constructeurs sont donc parvenus à inverser la courbe du poids des voitures!
En résumé : s'agissant de la pollution globale, un gros 4x4 polluera plus qu'une citadine du fait d'une consommation plus importante.

La pollution locale est liée aux produits secondaires de la combustion. Du fait de leurs modes respectifs de combustion, essences et Diesel n'émettent pas les mêmes polluants : hydrocarbures imbrûlés et monoxyde de carbone pour les moteurs essence, particules fines et oxydes d'azote pour les moteurs Diesel.
Les normes fixent des limites qui s'expriment en grammes par kilomètre. Pour simplifier, la pollution locale est de ce fait à peu près proportionnelle à la distance parcourue, quel que soit le véhicule. Cela peut sembler contre-intuitif mais si vous pensiez contribuer à une meilleure qualité de l'air en roulant en citadine Diesel championne en émissions de CO2, c'est raté!
Les constructeurs ont fait des efforts importants sur la qualité de la combustion, afin de réduire les émissions à la source, et sur les systèmes de post-traitement embarqués (catalyseurs, filtres à particule, etc...), qui ont une efficacité réelle. Le coût de ces systèmes, qui devient maintenant prohibitif, et la difficulté qu'ont les constructeurs à atteindre les niveaux demandés peuvent cependant laisser penser que les moteurs à combustion interne se rapprochent désormais de leur asymptote.
En résumé : s'agissant de la pollution locale, une citadine peut polluer sensiblement autant qu'un gros 4x4 pour une norme donnée.
Diesel ou essence, lequel pollue le plus?
On stigmatise volontiers le Diesel dont les polluants ont un effet avéré sur la qualité de l'air de nos villes. Reste que les moteurs essence polluent aussi, mais avec des émissions d'un autre type. Il est donc difficile de dire lequel pollue le plus. Ce que l'on peut dire avec certitude, c'est que Diesel et essences polluent tous les deux... mais différemment!
Il est d'ailleurs à noter que les moteurs essence récents, à injection directe, émettent plus de particules que les moteurs Diesel, puisqu'ils ne sont pas équipés de filtres à particule (contrairement aux moteurs Diesel). Le prochain scandale? 
En termes de pollution globale, les niveaux de consommation des moteurs essence de dernière génération ont réduit l'écart avec les moteurs Diesel.
Comment les émissions sont-elles mesurées pour l'homologation?
En Europe, les émissions sont mesurées selon un cycle où se succèdent accélérations poussives et stabilisés, ce qui est très favorable à la fois pour la consommation (niveau de CO2) et pour les émissions de polluants locaux. De même, ce cycle ne va pas au-delà des 120 km/h : lorsque vous roulez sur autoroute, tout est permis! En fait, pas tout à fait, les constructeurs limitent d'eux-mêmes les émissions dans ces zones, ne serait-ce que pour des questions d'image (les journalistes veillent) ou pour ménager les systèmes de post traitement.
En résumé, le cycle européen n'est pas représentatif d'une conduite en conditions réelles. Le cycle "RDE" (Real Driving Emissions) devrait y remédier en 2017, en se rapprochant de la philosophie du cycle américain qui est pour sa part plus réaliste.

Pour conclure, le thermomètre des cycles d'homologation est largement perfectible et il est probable que des constructeurs "trichent" à des degrés divers (tout en restant, ou non, dans la légalité). Cela ne doit cependant pas occulter les progrès bien réels qui sont effectués.
Reste à savoir si la technologie du moteur à combustion interne ne s'approche pas de son asymptote...