Données de santé : un impact sur toute la chaîne de soins

Hôpitaux, médecins, systèmes de remboursements... tous les acteurs de la santé peuvent tirer un maximum de bénéfices de la collecte et l'analyse des données de santé.

Le volume de données de santé disponible suit une croissance exponentielle. Ces données proviennent de sources variées : les dossiers médicaux, les équipements comme l’imagerie, les appareils portatifs comme les pompes à insuline, ainsi que toutes les données d’activité ou de partage sur les réseaux sociaux. Un simple exemple : en 2017, 325 000 applications étaient dédiées à la santé sur l’App Store, soit 20% de plus qu’en 2016.

Cette immense quantité de données couplée aux capacités d’analyse du big data offre des perspectives fascinantes pour mieux prévenir et soigner, avec un impact sur l’ensemble de la chaîne de soin.

Cela touche d’abord le patient, qui devient un acteur central de sa santé. Les médecins ensuite, qui s’appuient de plus en plus sur l’analyse de données pour poser de meilleurs diagnostics. Les hôpitaux et centres de soins peuvent quant à eux optimiser les parcours de santé et leurs coûts. Les systèmes de remboursement enfin, qui doivent évaluer et s’adapter à ces nouvelles pratiques.

Les patients ont depuis toujours subi leur diagnostic et leur parcours de soin, n’étant pas en mesure de comprendre et encore moins gérer leur dossier médical au-delà de ce que leur communiquait le praticien. Internet donne désormais accès à une information précise et à des partages avec d’autres malades : mieux informés, les patients adhèrent plus rapidement au traitement proposé. Le parcours de soin s’est également adapté au mode de vie moderne : des alertes rappellent la prise des médicaments ainsi que les rendez-vous prévus. Ces promesses d’efficacité et de personnalisation des soins sont plébiscitées. D’après une étude de 2017 de la Commission européenne, 83% des patients souhaitent partager leurs données dans le but d’améliorer leur traitement.

Si le patient est remis au centre de l’écosystème de santé, le rôle du médecin évolue vers celui de coordinateur de soins : le partage de données participe à l’acuité du diagnostic et des traitements. L’utilisation du big data pour identifier des profils de risques et cibler précisément les zones malades permet de délivrer des soins personnalisés et plus précis. Le numérique facilite également la relation avec les patients, au point que 80% des médecins souhaitent avoir recours à la télémédecine dans le cadre du traitement des maladies chroniques.

Pour les hôpitaux et centres de soin, l’amélioration du parcours de santé promise par l’intégration et le partage de données représente un fort enjeu de coûts. D’après le rapport Future Health Index 2016 de Philipps, 60% des patients refont plusieurs fois les mêmes tests avant d’obtenir le diagnostic final. La numérisation des informations réduit cet inefficience et aide à capitaliser sur les meilleures pratiques entre établissements. L’initiative mise en place au sein des sept centres du réseau néerlandais Santeon a permis par exemple de réduire le nombre de jours d’hospitalisation après une tumorectomie. Le nombre d’hospitalisations en ambulatoire a augmenté de 18% en moyenne en révisant le protocole d’anesthésie et en aidant le patient à organiser sa sortie.

Terminons avec les organismes de remboursement qui tiennent une place majeure dans le système de santé. Le déploiement d’outils de mesure comme le PROM (évaluation de l'état de santé du patient) et le PREM (évaluation de l’efficacité des soins par le patient) leur permet de valoriser les actes les plus efficaces. Les analyses prédictives peuvent quant à elles mettre en avant les comportements vertueux à mieux rembourser. Mais les assurances privées peuvent voir une toute autre utilité à l’intégration et à l’analyse des données. En l’absence de cadre juridique, elles pourraient créer des profils de risque chez leurs bénéficiaires sur lesquels différencier leurs prix. Vitality, une marque distribuée par plusieurs assureurs dans le monde, accorde ainsi des réductions à ses assurés qui enregistrent leur activité physique.

Ce sont donc in fine tous les acteurs de la chaîne de soin qui vont bénéficier de la croissance des données de santé et de leur utilisation. Restent des freins majeurs avant un déploiement complet : un meilleur partage des données – tout en restant en accord avec la confidentialité inhérente au médical, l’interconnexion des acteurs et la cybersécurité. Alors seulement les solutions d’analyse innovantes pourront donner leur pleine mesure !